
Tout lire sur: Revue Les Libraires
Source du texte: Lecture
Que ce soit pour l’émancipation des femmes, les relations familiales, des tabous à désamorcer ou des sujets complexes à vulgariser, Janette Bertrand utilise sa tribune au profit de l’évolution des mentalités au Québec, avec une passion qui ne fait que s’attiser avec les années. À l’occasion de son 100e anniversaire, notre robot lecteur est allé à la rencontre d’auteurs, d’autrices et d’artistes qui ont voulu rendre hommage à cette grande dame de la culture québécoise.
1. Vieillir avec panache, Jocelyne Robert (L’Homme)
« Parmi ceux et celles qui ont réalisé et qui, dans certains cas, continuent de réaliser des choses exceptionnelles au quatrième âge, je pense à… Janette Bertrand, cette force de la nature, écrivaine prolifique, communicatrice, pédagogue de la télévision, a été proclamée femme du siècle au Québec alors qu’elle avait 65 ans. Au rythme où elle continue de nous étonner, avec ses 95 ans bien sonnés, par son hallucinante créativité, son engagement, ses prises de position, elle pourrait bien se retrouver femme du millénaire d’ici peu. »
2. Le chant de la grand-mère, Loumitea (Le Jour)
« Comme le dit si bien Dominique Rolin, 88 ans : “Mon rapport au Temps a changé. Je suis entrée dans le Temps10.” Car oui, en vieillissant, on prend son temps. On décide qu’on a le temps. En plus, on n’a pas à s’inquiéter de perdre la trace du temps, car le monde extérieur nous le rappelle constamment. Je me souviens, entre autres, qu’avec la pandémie de COVID-19, on tentait de me faire peur sur les médias, par courriel, par texto, par lettre : étant donné mon âge, je devais me faire vacciner, bien porter mon masque, faire attention à ceci, à cela. La banque m’a téléphoné lorsque j’ai eu 72 ans pour me rappeler qu’à cet âge, je devais déplacer mes REER dans un FEER. D’accord, j’ai donc 72 ans… Malgré tout, je demeure intérieurement sans âge. Comme Janette Bertrand, comédienne, scénariste, femme de théâtre et de télévision, et écrivaine : “Moi, à mon réveil, je n’ai pas d’âge, surtout si le rideau est ouvert et que le soleil me réchauffe.” »
3. Les lettres attachées, David Goudreault (Libre Expression)
« Moi, je les trouve faciles à aimer, les aînés / Va pas croire que tu m’insultes / Si t’insinues que j’ai un public de vieilles matantes / Sont drôles et brillantes, tsé, tes matantes / Mais sais-tu que dans mes fans y a aussi ta petite cousine et ta femme? / De toute façon, le temps ne fait rien à l’affaire, y a des ados vieux cons / De jeunes génies en marchette et des gamins grabataires / Alors amenez-en des Francine Ruel, des Janette Bertrand / Des Michel Tremblay, des Joséphine Bacon / Et des Gilles Vigneault / Il en manque plein nos écrans / Que votre parole ne se perde pas dans l’écho des pensées creuses / Vous êtes loin d’être cons, loin d’être des colons / Vous êtes les colonnes d’un temple qui abrite encore / Quelque chose comme un grand peuple »
4. 80, 90, 100 à l’heure! 14 octogénaires et nonagénaires inspirants, Alexandre Sirois et Judith Lachapelle (Éditions La Presse)
« À l’occasion du premier anniversaire de la pandémie, Janette Bertrand a effectué une sortie remarquée sur les ondes de Radio–Canada. Un cri du cœur qui se résumait ainsi : il faut être à l’écoute des personnes âgées. “On ne leur donne pas souvent la parole. On a peur, je crois, de ce que les personnes âgées vont dire”, déplorait-elle. C’est avec cet appel en tête que nous l’avons contactée. Avec son franc-parler habituel, elle ne s’est pas gênée pour renchérir et pour déplorer le sort qu’on réserve aux aînés – y compris le sien – dans notre société de consommation où “les vieilles affaires, on les jette”. L’œuvre de Janette Bertrand, c’est près d’une vingtaine d’essais et de romans – dont son autobiographie, La vieillesse par une vraie vieille, parue en 2016 chez Libre Expression –, des émissions de télé mémorables, des séries dramatiques percutantes. C’est une quête incessante pour projeter de la lumière jusque dans les tréfonds de l’âme humaine, dans les recoins sombres de la société. »
5. Des liens si fragiles, Francine Laviolette (Les Éditeurs réunis)
« Ce sarcasme avait agacé Fleurette. Chaque fois qu’elle lui parlait de son projet d’écriture, sa mère lui coupait les ailes. Mais une fois de plus, elle passa l’éponge sur cette attaque sournoise. Ratoureuse, elle ajouta : — Savais-tu que Janette Bertrand vient de publier un livre de cuisine? Ça s’appelle Les recettes de Janette et le grain de sel de Jean. Y paraît que tout le monde se l’arrache dans les librairies. — Tant mieux pour elle! Tu vas quand même pas me comparer à Janette Bertrand? Elle, c’est une dame instruite, elle a un diplôme en journalisme. Elle a d’la crédibilité, elle… — Tu fais allusion à mon projet de roman? — Tu commences à être achalante avec ton roman. Écris-le qu’on finisse d’en entendre parler… »
6. Monique Miller : Le bonheur de jouer, Pierre Audet (Libre Expression)
« Après avoir lu le scénario, Monique téléphone à Janette. Elle tombe sur le répondeur et laisse un message. “Janette, c’est Monique. Pour le rôle du fils… Roy Dupuis! Un jeune qui commence. Il est formidable. Mais timide. Fais-lui pas passer d’audition. Prends-le.” C’est deux ans avant l’apparition sidérante d’Ovila Pronovost sur les écrans du Québec. Monique a beaucoup d’admiration pour Janette Bertrand. À une époque où les diffuseurs recherchent surtout des contenus de divertissement, Janette s’impose avec des dramatiques sur des sujets qui suscitent le débat, parfois la controverse. »
7. L’iris de Boisjoli, Nathalie Babin-Gagnon (Saint-Jean)
« L’été d’avant, celui de ses onze ans, sa mère avait jugé bon d’entamer son éducation sur le cycle menstruel. Elle l’avait obligée à consulter avec elle une brochure de Janette Bertrand où la célèbre communicatrice expliquait à ses deux filles la mécanique de ce “passage important et si beau dans la vie d’une femme”, comme la mère de Violaine aimait le répéter. — Passage important, passage important… Il est pas un peu tôt pour en parler? Je suis encore une enfant. »
8. La famille Chevalier (t. 2) : L’épiphanie, Jean-Pierre Charland (Hurtubise)
« De son côté, Michel Louvain, à la veille de ses trente ans, découvrait ses premiers cheveux blancs. Il termina son sandwich tout en étant plongé dans une lettre adressée au courrier du cœur de Janette Bertrand. Une jeune fille ayant perdu sa virginité à onze ans demandait comment continuer de “faire la vie” sans jamais tomber enceinte. Une voix vint le distraire de sa lecture avant qu’il n’ait pris connaissance de la réponse de la courriériste. — J’voulais t’offrir mes sympathies. En se retournant, Romain découvrit Laurette Paquin. — Je te remercie. — Veux-tu qu’on fasse quelque chose, un de ces soirs? — Non, certainement pas. Là, je pense me consacrer à la prière afin de raccourcir son passage au purgatoire. Puis il revint à sa lecture : “Il n’est pas trop tard pour dire non aux tentations, pour suivre des cours du soir, pour vous cultiver, pour faire du sport et pour être sage.” — Maudit niaiseux! siffla Laurette Paquin avant de tourner les talons. »
9. Je n’ai jamais osé te dire…, Christine Carrier (De Mortagne)
« Un cours de philo au cégep, on parle d’enjeux de société. Par exemple, de sida, de deuil, d’homosexualité. Chaque élève fait une présentation et, ensuite, toute la classe pose des questions. Plus souvent qu’à mon tour, c’est finalement moi qui réponds. Je connais bien mon sujet et ceux présentés par mes camarades. Même le prof est surpris par la profondeur de mes connaissances et réflexions. Pourtant, je n’ai rien fait de sorcier. Je n’ai pas fait de recherches, je n’ai pas lu des recueils entiers. J’écoutais simplement Janette Bertrand et je savais communiquer. Je m’exprimais avec passion, je recouvrais ma verve, mon aplomb. Pour une fois depuis un moment, je me sentais un peu à ma place, un peu moins nulle, un peu moins perdue. J’entrevoyais une lueur d’espoir dont j’avais bien besoin. […] Deux décennies plus tard, c’est ta biographie qui m’a bouleversée. Je profitais d’une pause professionnelle, je cherchais un second souffle, un nouveau chemin, et je me suis dit que te lire me ferait du bien. C’est dans tes mots et ton histoire que j’ai vraiment compris l’ampleur du travail accompli par les femmes qui comme toi ont lutté fort pour nous permettre de voter, d’étudier, de faire l’amour sans pécher. Encore une fois j’ai été inspirée.
10. À la vie, à la mort, Marcia Pilote (Libre Expression)
« C’était comme si on était venues sur la terre pour vivre notre vie autrement. C’était un peu ça, nous deux, Anne-Marie, non? Nous savions que nous avions une mission. Il ne fallait pas nous demander : “Qu’est-ce que vous voulez faire plus tard dans la vie?” On ne savait pas quoi répondre : pour nous, plus tard, c’était maintenant. On a toujours eu cette façon de vivre. On savait bien ce qui nous allumait : moi, c’était clair que je voulais être une Janette Bertrand »
À lire aussi
10 livres où on parle de rigodon
10 livres où on parle de Barbie
10 livres où on parle des Cowboys Fringants
10 livres où on parle de librairies
10 livres où on parle de la pleine lune
5 livres où on parle du festival Burning Man
10 livres où on parle des prix Gémeaux
10 livres où on parle de l’automne
12 livres où on parle des signes astrologiques
10 livres où on parle de café
10 livres où on parle du Super Bowl
10 livres où on parle de la bannique
10 livres où on parle de Céline Dion
10 livres où on parle des Jeux olympiques