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Sous les draps, près du feu, au chalet ou entre deux glissades, on se blottit au chaud pour lire tout l’hiver. Voici 12 nouveautés littéraires attendues cette saison.
Une histoire silencieuse
Sur les vieilles photos, Thérèse Lefebvre, née Larin, semble ailleurs, son regard habité par une absence mystérieuse. Elle est disparue depuis plus de 50 ans et son histoire est restée dans l’ombre, un silence pesant sur la mémoire familiale. Sa petite-fille, Alexandra Boilard-Lefebvre, entreprend de faire revivre cette femme qu’elle n’a jamais connue. Au fil d’une quête minutieuse, elle recueille des témoignages, explore les traces du passé et redonne vie à Thérèse, une femme dont les rêves se sont effacés dans les banlieues tranquilles de l’après-guerre. Une histoire silencieuse est un récit vibrant où les mots réparent les absences, un hommage à celles que l’histoire a oubliées, mais que la mémoire veut retrouver.
Recueillir
Dans une écriture fluide et libre, où l’inattendu se manifeste en écho, Recueillir de Louise Warren dévoile une réflexion intime et poétique. Le récit s’enracine dans les gestes premiers : lire, surligner, découper, coller, autant d’actes qui façonnent l’écriture et la relient au collage et à la citation. Progressivement, l’attention de l’autrice s’ouvre à ses quêtes personnelles : une mythologie intérieure, une fascination pour le fragment, les résonances des lectures et le rôle du rêve dans la création. Ce parcours, empreint de contemplation et de lenteur, invite à une écoute profonde. Au fil de cette traversée, des poèmes naissent, fragiles et vivants, comme des lichens nourrissant la mémoire et l’imaginaire.
«Recueillir», de Louise Warren, paraîtra au Noroît le 23 janvier.
Photo : Le Noroît
La grosse qui rêvait d’amour
Samuelle rêve d’amour, mais un obstacle semble se dresser devant elle : son corps, qu’elle a du mal à accepter. Son rapport à son image est exacerbé par les critiques constantes de sa mère. Dans ce contexte tendu, Samuelle navigue entre les conflits familiaux, ses premières expériences amoureuses et la découverte de sa sexualité. Elle aspire à s’affranchir des regards et à se réconcilier avec elle-même. Soutenue par des amitiés profondes et une aventure déterminante, elle apprendra à reconnaître sa valeur au-delà des apparences et à prendre les rênes de son destin. Avec humour et sincérité, Nadia Tranchemontagne milite contre la grossophobie et célèbre la diversité des corps dans ses écrits et sur ses plateformes numériques.
«La grosse qui rêvait d’amour», de Nadia Tranchemontagne, paraîtra chez Québec Amérique le 28 janvier.
Photo : Québec Amérique
Les années s’écoulent lentes et légères
Les narrateurs de ces nouvelles ne se bercent pas d’illusions : ils savent que la vie touche à sa fin et avancent péniblement, le souffle court et l’esprit lucide face à l’inéluctable. La mort, toujours en filigrane, n’est ni crainte ni évoquée. Le passé, quant à lui, est un labyrinthe entre l’innocence douce de l’enfance et les désillusions de l’âge adulte. L’écriture, bien que dénuée de certitudes, devient un refuge fragile où s’inscrivent les traces éphémères d’une existence, sans prétention ni grandeur. Avec ce recueil, Gilles Archambault livre une réflexion mélancolique sur le poids des mots et leur capacité, aussi modeste soit-elle, à combler les vides laissés par le passage du temps.
«Les années s’écoulent lentes et légères», de Gilles Archambault, paraîtra le 28 janvier aux Éditions du Boréal.
Photo : Boréal
Contours
Avec une plume poétique et assurée, Ann-Élisabeth Pilote nous livre un premier roman qui interroge notre rapport à la perte de repères dans un monde en constant changement. Éli, après des années d’errance, revient s’installer dans la maison héritée de sa grand-mère. Une nuit, un phénomène inexplicable survient : toutes les étoiles disparaissent du ciel. Tandis qu’elle cherche un sens à ce vide sidéral, Éli tisse des liens avec ses voisins, une artiste et son fils. L’obsession d’Éli pour l’œuvre en cours de sa voisine croît jusqu’à ce que celle-ci meurt subitement, laissant surgir des secrets enfouis. Ce roman offre une réflexion profonde sur le vide, les relations humaines et les failles intimes.
Debout dans l’orage
Mathilde, chroniqueuse littéraire dans la quarantaine, se lance sur un coup de tête dans une démarche altruiste en offrant son aide à Jacqueline, une femme âgée au passé chargé de drames. En apprenant à connaître cette dernière, ainsi que son projet audacieux d’écrire sur la résilience des animaux, Mathilde voit resurgir ses propres blessures enfouies. Peu à peu, une amitié inattendue se tisse entre ces deux femmes. Mais cette relation, aussi improbable qu’intense, parviendra-t-elle à apaiser leurs tourments intérieurs et à leur permettre d’avancer? Dominique Demers nous offre ici un récit touchant sur la force des liens humains et le courage de faire face à soi-même.
Un visage appuyé contre le monde
Un visage appuyé contre le monde et autres poèmes offre une entrée précieuse dans l’œuvre riche et sensible d’Hélène Dorion, figure majeure de la poésie québécoise. Ce recueil réunit quatre livres parus entre 1990 et 2000 : Un visage appuyé contre le monde, Sans bord, sans bout du monde, Les murs de la grotte et Fenêtres du temps. L’écriture d’Hélène Dorion explore avec profondeur les liens entre l’intime et l’universel, mêlant l’émerveillement face à la nature, les sentiments amoureux et les réflexions existentielles. Ce volume, accompagné d’une préface d’Evelyne Gagnon, marque une reconnaissance importante avec sa parution dans la prestigieuse collection Poésie de Gallimard.
La nouvelle édition de «Un visage appuyé contre le monde et autres poèmes» d’Hélène Dorion paraîtra chez Gallimard le 11 mars.
Photo : Gallimard
Marie comme toi
Marie-Ève, assistante administrative au CHUM, travaille de soir et rentre chez elle, épuisée, chaque nuit à minuit. Elle habite au 17e étage d’une tour, juste en face de l’hôpital, où la monotonie de ses journées se mêle à une relation toxique avec Sylvain, qui l’épuise davantage. Entre l’isolement, la lutte pour se retrouver et les drames qui secouent son immeuble – décès, expulsions –, elle cherche un équilibre fragile. Au cours de sorties à vélo, dans les méandres de l’hôpital et le cocon de son appartement, Marie-Ève partage son quotidien en vers, oscillant entre la mélancolie et l’humour. Une poésie d’une honnêteté désarmante, empreinte de beauté, de douleur et de résilience.
Ça finit quand, toujours?
Au début des années 1950, dans une maternité de Varsovie, Nina et Pola se rencontrent : l’une a donné naissance à une fille, Ewa, l’autre à un garçon, Adam. Leur éclat de rire devant cette coïncidence semble promettre un avenir radieux. Malgré les cicatrices laissées par la guerre, l’espoir d’un monde meilleur éclaire l’horizon, tandis que Staline s’efface et que les soulèvements populaires éveillent l’espoir de justice et de liberté. Pourtant, ce paradis fragile s’effondre rapidement. Les familles de Nina et de Pola, liées par le sang et l’amitié, s’éparpillent dans le monde – aux États-Unis, en Israël, au Québec. Agnès Gruda entrelace brillamment leurs destins sur plusieurs générations, offrant un récit empreint d’humanité et de résilience face à l’exil.
«Ça finit quand, toujours?», d’Agnès Gruda, paraîtra le 18 mars aux Éditions du Boréal.
Photo : Boréal
La capitale des rêves
Heather O’Neill revient cette année avec la traduction, signée Dominique Fortier, de son nouveau roman, La capitale des rêves. L’histoire se déroule dans un pays imaginaire d’Europe, ravagé par la guerre, où l’art et la philosophie tentent d’apporter un répit face à la destruction. Sofia Bottom, 14 ans, vit dans l’ombre de sa mère, Clara, une écrivaine adulée. Alors que leur nation est envahie, Clara confie à Sofia une mission cruciale : sauver son manuscrit en le transportant hors de la ville à bord d’un train d’enfants évacués. Mais l’aventure tourne mal, et Sofia, seule et terrifiée, perd ce trésor précieux. Dans un périple épique à travers forêts et villages en ruine, elle croise soldats, survivants et enfants perdus, et doit faire des choix entre survie et compassion. Ce conte sombre et envoûtant révèle une fois de plus le talent unique d’O’Neill pour tisser des récits magiques, à la fois graves et sublimes.
La beauté de Cléopâtre
Lors de sa première rencontre avec Marc Antoine, Cléopâtre se dévoile sur un navire somptueux, glissant majestueusement sur le Cydnus, entourée de couleurs éclatantes, de mélodies envoûtantes et de parfums exquis. Sa beauté, presque mythique, ouvre un horizon d’espoir et de grandeur. Inspiré par une scène d’Antoine et Cléopâtre de Shakespeare, Mustapha Fahmi propose une réflexion captivante sur cette célèbre histoire mêlant amour et pouvoir. Dans ce commentaire, il explore des questions profondes sur l’éthique, l’esthétique et la politique : comment transformer sa vie en une œuvre d’art? Quelle place occupe le charisme dans une démocratie? En convoquant Nietzsche, Kant ou encore Botticelli, Fahmi éclaire avec brio ces enjeux intemporels.
Plage Laval
Dans Plage Laval, Rafaële Germain signe son grand retour à la fiction avec son écriture vive, teintée d’humour, et ses dialogues percutants. À travers des personnages attachants, le roman aborde des thèmes universels comme le choc des générations, la vieillesse, l’individualisme, ainsi que notre rapport à la nature et aux autres cultures. Après une rupture marquante, Laurence quitte le Plateau et s’installe dans un vieux chalet bordant la rivière des Mille-Îles, cherchant la solitude, mais trouvant une communauté inattendue. Entourée de sa mère atteinte de démence, de sa fille Mathilde et de voisins devenus amis, elle découvre les liens improbables et chaleureux qui se tissent entre jeunes et vieux, aidants et errants, dans un récit empreint d’humanité.