Bienvenue dans le Harlem des années 1960, quartier du nord de Manhattan, New York, principal foyer de la culture afro-américaine depuis le début du XXe siècle. Théâtre de la pauvreté, de l’injustice et d’affrontements, souvent, mais aussi terreau de la vitalité de la communauté afro-américaine.
Ray Carney, le personnage principal de Harlem Shuffle, le huitième roman de l’Américain Colson Whitehead, est propriétaire d’un magasin d’ameublement sur la 125e Rue.
À travers la vitrine, on voit un jeune papa sérieux et ambitieux, sans conscience politique particulière. Il aurait pu suivre les traces de son paternel, Big Mike, vraie légende de Harlem et bandit patenté, plus occupé à trafiquer et à « casser des genoux au démonte-pneu » qu’à voir à l’éducation de son fils — qui a réussi des études de commerce. Un vrai miracle.
Côté ruelle, comme bon sang ne saurait mentir, Ray présente un autre profil, alimentant avec discrétion en dehors des heures d’ouverture un passe-temps lucratif : le recel de téléviseurs, de fourrures ou de pierres précieuses « tombés du camion ».
Carney avait bien réussi à séparer les deux moitiés de sa vie jusqu’à ce que son ambition, et les plans criminels de son cousin Freddie, l’entraîne vers le côté obscur de la force : le spectaculaire casse du coffre-fort de l’hôtel Theresa, le « Waldorf Astoria de Harlem ». Un engrenage dont il lui sera difficile de s’extraire, même en ayant recours à d’anciens acolytes de son père.
C’est l’occasion pour l’auteur d’Underground Railroad et de Nickel Boys (Albin Michel, 2017 et 2020) de se réinventer, bousculant
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