Lize Spit ne fait pas de littérature d’anticipation, mais elle a un flair pour aborder les thèmes qui s’apprêtent à bousculer l’ordre du monde. Son premier roman, Débâcle, portait la douleur, mais aussi la force émancipatrice de la parole, un an avant le mouvement #MoiAussi. Paru en version originale au moment où la pandémie causait une hausse des problèmes liés à la santé mentale, son deuxième roman fait une intrusion dans le trouble de la bipolarité.
Pour l’occasion, on rencontre Léo, narratrice du récit et amoureuse de Simon. Leur vie, marquée par de nombreuses épreuves difficiles, les a menés l’un vers l’autre, à former une bulle où l’amour, tendre et partagé, traduit une certaine codépendance : « Nous étions deux piliers de guingois qui, dès lors qu’on les appuierait l’un contre l’autre, auraient plus de stabilité qu’un seul pilier à la verticale. Tout irait bien tant que nous resterions ensemble. »
Leur couple, vieux de 11 ans, bascule lorsque Simon, sur un coup de tête, abandonne son emploi de graphiste pour lancer sa propre entreprise de conception de tatouages. Chaque jour un peu plus, il se transforme, conjuguant un état d’étrange exaltation, une confiance inédite en ses moyens, des tics toujours plus nombreux et une paranoïa croissante.
Isolée et bouleversée par la métamorphose soudaine de son amoureux, Léo doute d’elle-même. Méthodiquement d’abord, puis de façon obsessionnelle, elle entreprend de consigner ses observations, cherchant à confirmer qu’elle n’invente rien : « Je notais par le menu en quoi le comportement de Simon avait changé. Ça
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