En 1993, Elsa a sept ans et sa mère la considère comme sa chose, comme son jouet. « Soudain, j’ai mille ans et j’ai enfanté toutes les mères du monde. » Un secret terrible et inconcevable qui se reproduit, entre colère, enfermement et soumission, d’une génération à l’autre. Un appétit vorace qui pousse une mère à dévorer ce qu’elle-même a créé. Une vingtaine d’années plus tard, dans le petit studio où elle habite seule, « au bord du monde des autres », la jeune femme tentera tant bien que mal de composer avec le non-dit. L’âge de détruire, premier roman de Pauline Peyrade, une dramaturge française née en 1986, sonne comme un appel à la rupture, alors que, rappelle Elsa, « nous nous tuons nous-mêmes pour ne tuer personne ». On pense à Une histoire de France de Joffrine Donnadieu (Gallimard, 2019), où la narratrice racontait avoir été agressée à l’âge de onze ans par une voisine. Dans les deux cas, il s’agit de littérature où s’exprime sans lyrisme, mais jamais sans force, tout un lot de questions brûlantes.
L’âge de détruire
★★★ 1/2
Pauline Peyrade, Minuit, Paris, 2023, 160 pages
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