Comme des milliers de ses compatriotes, Andreï Kourkov a été brutalement réveillé le 24 février 2022 par le fracas des missiles russes s’abattant sur Kiev. Depuis, ses jours et ses nuits ont souvent l’apparence d’un long cauchemar teinté de colère, d’incrédulité, de stupeur.
C’est au pied des Carpates, dans l’ouest de l’Ukraine, réfugié à la campagne comme tant d’Ukrainiens fuyant la terreur, que le romancier et essayiste ukrainien d’expression russe a pu prendre un peu de recul.
Le plus connu des écrivains ukrainiens témoigne de ces événements et des cinq premiers mois de l’agression russe dans son Journal d’une invasion, qu’il dédie « aux soldats de l’armée ukrainienne ». Un livre qui se situe au confluent du journal intime et du compte rendu personnel de cette guerre qui n’en finit plus.
Il est d’avis qu’au cours de ces mois tragiques, les Ukrainiens ont appris et compris beaucoup de choses sur eux-mêmes et sur leur pays.
« Les Ukrainiens ont découvert qu’ils pouvaient être très solidaires pendant les temps dangereux », raconte en français Andreï Kourkov, joint par téléphone en Californie, où il enseigne encore pour quelques mois à l’Université Stanford, au sud de San Francisco. « J’ai vécu cette solidarité, cette force bénévole des gens pendant notre voyage de Kiev jusqu’à la frontière avec la Hongrie et la Slovaquie. Les Ukrainiens sont normalement individualistes et un peu égoïstes. »
« C’est la différence, poursuit-il, entre les Russes et les Ukrainiens. Alors que les Russes sont plus collectifs, les Ukrainiens sont des gens qui s’occupent plutôt de leur famille,
[...] continuer la lecture sur Le Devoir.