Source : Le Devoir
Une histoire au sujet évanescent. Des personnages, des lieux et un contexte insaisissables, presque inexistants. Une atmosphère sombre, brumeuse, pesante. Avec la plume libre et éthérée qui a fait sa marque, l’écrivaine canadienne Ying Chen explore dans ses oeuvres l’intemporalité de la guerre, de l’exil, de la fragmentation identitaire. Dans Ahimsa, son dernier roman, elle s’intéresse, dans un récit allégorique à la frontière du rêve, à la partition de l’Inde et au legs controversé de son guide spirituel, Gandhi. À travers trois revenants réincarnés en animaux mal aimés — rat, mouche, serpent — et leurs souvenirs ambigus d’un maître commun, elle observe les sentiments complexes et contradictoires qui relient les êtres humains à l’histoire de leur peuple et aux fondations sur lesquelles sont établies leurs valeurs et leur identité. En omettant de détailler les contours de sa narration, la romancière suscite certes plus de questions que de réponses, mais accède, à force de dépouillement, à une forme de vérité nourrie par des émotions brutes et des doutes universels.
Ahimsa
★★★ 1/2
Ying Chen, Leméac, Montréal, 2023, 104 pages
À voir en vidéo
[...] continuer la lecture sur Le Devoir.