En 1986, dans un monastère situé près de Turin, en Italie, un vieil homme, « mort depuis longtemps », rend son dernier souffle entouré des moines qui l’ont hébergé pendant 40 ans. Un criminel, un réfugié politique, un défroqué ?
En réalité, Michelangelo Vitaliani, que tout le monde appelait Mimo, était là pour « veiller sur elle ». Elle, c’est la dernière statue qu’il a sculptée, une pietà scandaleuse — Marie tenant sur ses genoux le corps du Christ descendu de la croix —, cachée dans les caves du monastère par le Vatican pour en limiter l’accès.
C’est sa vie mouvementée, « traversée d’art, de capitales, de musique, de fulgurante beauté » que nous raconte Jean-Baptiste Andrea (Ma reine, L’Iconoclaste, 2017) avec Veiller sur elle, son quatrième roman. Une traversée mouvementée du XXe siècle italien marquée par le fracas de deux guerres mondiales et par l’impitoyable montée du fascisme en Italie, ce « royaume de marbre et d’ordures ».
Dans le délire de ses derniers jours, Mimo se raconte à la première personne avec fougue et lucidité. Né en 1904 en France d’un couple d’immigrés italiens et atteint d’achondroplasie (la forme la plus commune de nanisme), Mimo, après la mort de son père sculpteur, est envoyé à 12 ans chez un « oncle », en Italie, pour y faire son apprentissage.
C’est à Pietra d’Alba, village de 500 âmes qui tourne autour d’une riche famille, les Orsini, que Mimo va apprendre le travail de la pierre et se lier secrètement avec la fille cadette des Orsini, l’éblouissante Viola, qui a un tempérament de
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