« Je me suis bien amusé. Au revoir et merci », avait-il écrit quelques jours avant son suicide (Vie et mort d’Émile Ajar, Gallimard, 1981), le 2 décembre 1980, convaincu à jamais de la « futilité » de la littérature. Disant se sentir vide des illusions nécessaires à son accomplissement. Peut-être était-il aussi en dépression sévère.
Il donnait dans ce texte des clés à l’intention de ses lecteurs et de ceux d’Émile Ajar, révélant qu’il avait été le seul auteur à recevoir le prix Goncourt à deux reprises, grâce à l’une des plus belles mystifications littéraires du XXe siècle.
Roman Kacew a multiplié les versions de lui-même : Romain Gary, Émile Ajar, Shatan Bogat, Fosco Sinibaldi. Un caméléon, un mythomane, un jongleur, le maître d’oeuvre du « roman total », qui a vécu comme un personnage de roman ? Comme un écrivain. Tout simplement. Un grand.
Avant de se confronter à l’auteur de La promesse de l’aube et de La vie devant soi, la Polonaise Agata Tuszyńska, romancière, poète et biographe, s’était intéressée aux figures de Bruno Schulz et d’Isaac Bashevis Singer. Dans Le jongleur, le livre mi-enquête mi-hommage qu’elle consacre cette fois à Romain Gary, l’écrivaine s’interroge : pourquoi chercher à connaître la vérité sur un écrivain, d’où vient « ce besoin de chercher l’homme dans l’artiste, de le mettre à nu » ?
À travers les méandres de son livre et des lettres qu’elle adresse à Romain Gary, Agata Tuszyńska pose beaucoup de questions. Pour y répondre, elle peut éplucher les petites annonces du Courrier de Wilno, déambuler de la rue
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