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Revisiter en humour et sur scène son journal intime d’adolescence

 

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Source du texte: Lecture

Une fois par mois, la soirée d’humour Teens Angst Night propose aux Vancouvérois de monter sur la scène du Fox pour lire un passage embarrassant de leur journal intime d’adolescent.

Dernier participant à monter sur la scène du Teens Angst Night le 23 novembre dernier, s’est livré à l’une des indiscrétions les plus marquantes de la soirée.

La raison de son succès, le dévoilement au grand jour de ses histoires écrites lorsqu’il avait à peine 10 ans.

Des récits qui inquiéteraient n’importe quel pédopsychiatre tellement ils étaient sombres et somme toute, un peu glauques.

Cameron Macleod en train de lire une histoire qu'il a écrit adolescent sur la scène du Teens Angst Night.

Cameron Macleod a participé pour la première fois au spectacle Teens Angst Night le jeudi 23 novembre 2023 au cabaret Fox de .

Photo : Chelesy Stuyt

Pourtant, plus de 30 ans après leur écriture, ce sont des rires qui ont explosé dans la salle du cabaret Fox tout au long de la lecture faite par Cameron Macleod, tandis que ses histoires abracadabrantes faites de dessins d’animaux criblés de bavures au feutre rouge s’affichaient à l’écran derrière lui.

Je ne me souvenais pas avoir écrit de telles choses. Je sais que j’aimais beaucoup les films d’horreur, mais aussi d’autres choses plus classiques comme le basketball. Cependant, je n’avais pas réalisé à quel point mon obsession pour l’horreur était profonde, s’amuse le Vancouvérois venu mettre au jour une partie de ses jeunes écrits conservés par ses parents.

Quand j’ai commencé à lire ces histoires une par une, j’ai tellement ri que ça m’a poussé à les partager dans ce spectacle. Une manière aussi de féliciter le jeune homme que j’étais.

Une citation de Cameron Macleod, comédien et participant du spectacle Teens Angst Night

Un spectacle ouvert à tous

Si Cameron Macleod est comédien, tout le monde n’a pas besoin d’une expérience de la scène pour être invité à se produire au micro ouvert de Teens Angst Night.

Pour y participer, les personnes intéressées doivent simplement contacter , comédienne et créatrice de la soirée, via son site internet ou celui du cabaret Fox. La soirée est montée comme un spectacle de prestations entrecoupées des interventions de Sara Bynoe.

Tout le monde peut lire et s’inscrire au spectacle. Vous me présentez la nature des écrits que vous voulez partager. Ça n’a pas besoin d’être seulement de la poésie ou des journaux, il peut s’agir de lettres, de nouvelles ou de vieilles mises à jour de statuts , souligne la comédienne.

En revanche, tous les lecteurs doivent respecter quelques règles : être les auteurs des écrits, avoir entre 10 et 18 ans au moment de l’écriture des textes et sélectionner un passage embarrassant.

Ils doivent également apporter une photographie peu flatteuse d’eux adolescents pour qu’elle soit projetée sur l’écran géant lors de leur lecture.

20 ans de succès

Face à une telle mise en scène, on comprend mieux pourquoi Teens Angst Night existe encore 20 ans après sa création.

En plus de la mise en scène, j’essaie aussi de varier les thématiques des histoires pour chaque spectacle. J’essaie également d’avoir un mélange de nouveaux et d’anciens lecteurs.

Une citation de Sara Bynoe, autrice du spectacle Teens Angst Night

Avant de créer Teens Angst Night, Sara Bynoe avait déjà testé le concept du spectacle grâce à son site internet teenagepoetry.com conçu en 2000 par son frère et un ami informaticien.

: je suis seule, personne ne comprend ma douleur, je n’aimerai plus jamais. la vie est nulle et je veux mourir, allez vous faire voir ou encore poèmes en colère”,”text”:”C’était un espace où le monde entier pouvait héberger et partager ses mauvais poèmes. Je les classais en différentes catégories que j’intitulais: je suis seule, personne ne comprend ma douleur, je n’aimerai plus jamais. la vie est nulle et je veux mourir, allez vous faire voir ou encore poèmes en colère”}}”>C’était un espace où le monde entier pouvait héberger et partager ses mauvais poèmes. Je les classais en différentes catégories que j’intitulais : je suis seule, personne ne comprend ma douleur, je n’aimerai plus jamais. la vie est nulle et je veux mourir, allez-vous faire voir ou encore poèmes en colère, ajoute-t-elle.

Photo de la salle du cabaret Fox de Vancouver avec le public regardant une participante sur la scène.

Le spectacle Teen Angst Night se déroule au cabaret Fox de Vancouver.

Photo : Chelesy Stuyt

En 2007, le serveur qui hébergeait le site internet est tombé en panne et des centaines de poèmes ont été perdus, mais heureusement, certains ont pu être récupérés et ont été rassemblés dans un livre intitulé Teen Angst : A Celebration of Really Bad Poetry, publié en 2005.

Ce livre, c’était une sorte d’anthologie des articles du site web. J’ai même fait de ce concept un spectacle solo à la télévision sur CBC!

Une citation de Sara Bynoe, autrice du spectacle Teens Angst Night

Le journal intime, une pratique contemporaine

Et de la matière à spectacle, Sara Bynoe ne risque pas d’en manquer. Le journal intime continue d’être d’actualité, on en donne en cadeau aux jeunes et moins jeunes, on s’y confie sur nos espoirs, nos déceptions, nos états d’âme, une habitude qui se perpétue, prise à travers les siècles.

Les premières traces de ces carnets remontent à l’Empire romain avec les Pensées de l’empereur Aurèle, explique Manon Auger, autrice, chercheuse au département d’études littéraires à l’Université du à Montréal et spécialiste du journal personnel.

Cependant, le journal intime tel qu’il est connu aujourd’hui n’apparaît pas avant le XVIIIe siècle. Il faut attendre la Révolution française et la montée du romantisme pour que l’intimité prenne le dessus sur le collectif, précise la chercheuse.

Avec la montée de la bourgeoisie et du romantisme, on a commencé à avoir des espaces plus dédiés à la famille, des salons privés ou encore des chambres individuelles. Ça a laissé plus de place à l’épanchement du je, aux émotions, aux sentiments, dit Manon Auger.

Ça fait bizarre aujourd’hui de se dire qu’à une certaine époque, ça n’existait pas de parler de soi. Les gens ne faisaient pas ça! À l’échelle de l’humanité, le “je” est un concept relativement nouveau.

Une citation de Manon Auger, autrice, chercheuse au département d’études littéraires à l’Université du Québec à Montréal et spécialiste du journal personnel

Des journaux thérapeutiques

Un dessin sur une table dans un journal intime.

Depuis les années 1970, l’écriture d’un journal est utilisée comme une méthode de thérapie. (archives)

Photo : Radio- / Catherine Paquette

Si le spectacle Teens Angst Night se moque de certains passages écrits par les adolescents dans leurs journaux intimes, ces derniers restent des outils essentiels pour surmonter nos émotions.

Depuis les années 1970, l’écriture d’un journal est ainsi utilisée comme une méthode de thérapie pour aider à atténuer les symptômes de dépression ou d’anxiété, dit Manon Auger.

Pour l’avoir étudié, je trouve ça vraiment pertinent que ça soit entré dans l’univers thérapeutique. Le geste d’écriture peut vraiment transformer les personnes qui l’utilisent, que ce soit des gens qui ont de la difficulté à s’exprimer ou des gens qui ont de la facilité à s’exprimer, mais qui n’ont pas la possibilité de le faire. C’est très libérateur, souligne l’autrice.

Qu’ils soient écrits avec sérieux à l’adolescence ou lus avec moquerie des années plus tard sur la scène du Teens Angst Night, les journaux intimes ne cessent donc de faire du bien!

Les soirées Teens Angst Night sont présentées plusieurs fois par année sur la scène du cabaret Fox dans le quartier Mount Pleasant de Vancouver. La prochaine aura lieu en janvier.

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