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Le voyage de Shuna | Quand le jeune Miyazaki s’esquisse

Paru en premier sur (source): journal La Presse

Alors que le dernier film d’animation du maître nippon (Le garçon et le héron) tapisse actuellement les écrans de cinéma, Hayao Miyazaki prend également d’assaut les librairies. Au gré du roman graphique Le voyage de Shuna, il entoure de sa magie la quête d’un petit prince pour sauver son peuple. Une œuvre préfigurant l’univers de l’auteur, tout en y occupant une place particulière. Décryptage de ses desseins et dessins.


Publié à 1h33

Mis à jour à 8h00

Le voyage de Shuna a-t-il un lien avec le film d’animation Le garçon et le héron qui vient de sortir au cinéma ?

Hormis le fait qu’elles sont signées par le même artiste et enrobées de son style si personnel, ces deux histoires n’ont rien en commun. Elles se trouvent même aux antipodes de la carrière de l’auteur, puisque Le voyage de Shuna a été publié au en 1983, avant que Miyazaki ne s’attelle à ses classiques (Nausicaä de la Vallée du Vent, Princesse Mononoké, Le Voyage de Chihiro, etc.), tandis que Le garçon et le héron est son tout dernier film d’animation en date. Ce sont donc 40 ans qui séparent la création de ces deux œuvres ! Pourquoi sortent-elles en même temps ? Probablement par stratégie, la traduction inédite en français du roman graphique bénéficiant de l’effervescence créée par la sortie du film.

Quelle histoire nous est contée dans Le voyage de Shuna ?

Pour ce , Miyazaki dit s’être inspiré d’un conte folklorique tibétain, Le prince qui fut changé en chien. Le Japonais en a toutefois trituré la trame, mettant en scène le jeune prince d’un royaume aride et stérile, ayant eu écho de l’existence de graines dorées miraculeuses permettant de fertiliser les champs. Contre la volonté de son entourage, Shuna se lance dans cette quête périlleuse, écumant les terres de l’Ouest, minées de dangers humains et divins. Rencontres heureuses et malheureuses marqueront son épopée.

PHOTO CHRIS PIZZELLO, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Hayao Miyazaki

S’agit-il d’un manga classique ?

Non. Cette œuvre, à mi-chemin entre le manga et la , se présente plutôt comme un roman graphique ; un monogatari, pour être plus précis. De format moyen (23 x 16 cm environ), donc plus grand qu’un manga habituel et plus petit qu’une BD -belge, il accueille de larges illustrations 100 % couleur, occupant souvent de pleines pages, voire des doubles pages. Ici, pas de bulles de dialogue, ni d’onomatopées tapageuses, mais plutôt des légendes et des lignes de récit minimalistes, laissant la part du lion aux croquis. Ceux-ci ont été effectués à l’aquarelle, avec un rendu sublime, différent des traits lisses et uniformisés des films d’animation.

Le livre est-il fidèle à la griffe Miyazaki ?

Sans conteste ! Bien qu’il s’agisse de l’une de ses œuvres de , Le voyage de Shuna laisse déjà entrevoir les fils qui relieront toutes les créations de l’auteur. Qu’il s’agisse de la de l’histoire et des personnages (le roman graphique met en scène plusieurs créatures fantastiques), du sens de l’aventure et de l’action, ou des thèmes et valeurs véhiculés par le récit, on reconnaît d’emblée la signature de Miyazaki.

Pourquoi occupe-t-il une place particulière dans l’œuvre de l’auteur ?

À notre connaissance, il s’agit du seul monogatari signé de la main de Miyazaki. Il a été publié pour la première fois en 1983 au Japon, soit deux ans avant la fondation du studio Ghibli qui fera connaître l’artiste mondialement. Ce dernier a d’ailleurs voulu l’adapter en film d’animation, mais a dû renoncer à ce projet, faute de soutien. Il est ainsi resté sous forme de livre illustré, confiné au Japon pendant quatre décennies : il n’a été traduit en langue étrangère qu’en 2022 (en anglais) puis en français il y a peu, ce qui en a fait un projet jusqu’alors plutôt méconnu des miyazakiphiles. On trouve pourtant, dans cette histoire où les semences sont centrales, les germes du style qui caractériseront les œuvres subséquentes de l’auteur.

Le voyage de Shuna

Le voyage de Shuna

Hayao Miyazaki

Sarbacane

160 pages

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