Si l’expérience d’écrire des poèmes à partir de photos n’est pas neuve, Hélène Frédérick la pousse à la limite en consacrant tout un recueil à la seule photographie Charleston 1974 réalisée par l’Américain John McWilliams (reproduite à la fin du livre). La jeune fille qu’on y découvre, assise sur une chaise et, sur les genoux, le tableau d’un paysage avec rivière, a longtemps hanté la poète. Un peu dans la perspective d’un Georges Perec, il s’agit, « par le trou de la serrure / [d’]épuiser l’image ». Elle accentue constamment la translation entre une enfance personnelle et cette jeune fille : « rappelle-moi, Charleston, la sueur et / le parfum du feu qui courait / sur les trottoirs // rappelle-moi nos amis ». Est-ce l’immobilité de Charleston, est-ce sa chosification qui saute aux yeux ou qui élève à la fois cette image en icône et en signe d’inquiétude ? « Charleston / c’était avant de savoir / que le velours des flammes / en te léchant / pouvait faire mal ». Un recueil d’une grande rigueur, qui rejoint le féminin vécu et montré à la fois dans l’oeil exact de la réalité.
Charleston 1974
★★★ 1/2
Hélène Frédérick,
À voir en vidéo
[...] continuer la lecture sur Le Devoir.