Tookie, une quadragénaire d’origine amérindienne, longtemps habituée à voler pour manger, est embauchée à sa sortie de prison — une histoire de vol de cadavre aggravé de transport de drogue — dans une petite librairie indépendante de Minneapolis qui se spécialise dans les ouvrages autochtones.
Pendant ses dix ans au pénitencier, elle a repris ses études. Elle a aussi eu le temps et la volonté, nous raconte-t-elle, de lire beaucoup de livres. « Mais on trouve dans les livres tout ce qu’il faut savoir, sauf l’essentiel. » À sa sortie de prison, Pollux, le policier tribal qui lui avait passé les menottes (et qui avait depuis changé de vie professionnelle), va lui déclarer sa flamme.
Depuis peu, la narratrice de La sentence, le 18e roman l’Américaine Louise Erdrich, prix Femina étranger 2023, se dit poursuivie par le fantôme d’une cliente qui serait morte subitement en novembre 2019 pendant qu’elle lisait le journal intime, écrit à la main, d’une captive autochtone du XIXe siècle. Un manuscrit intitulé La sentence. Une captivité indienne, 1862-1883, que la fille de la défunte offrira à la libraire.
Elle sent une présence dans la librairie et des livres, souvent les mêmes, se retrouvent chaque matin sur le plancher. Le mari de Tookie, plus connecté à ses racines autochtones, lui reproche de croire aux fantômes plutôt qu’aux esprits. Mais la question revient, sans toutefois nous hanter : certaines lectures peuvent-elles être mortelles ?
Cette cliente, prénommée Flora, « véritable sangsue de toutes choses autochtones », selon Tookie, qui la décrit avec agacement comme une « indécrottable wannabe »,
[...] continuer la lecture sur Le Devoir.