Source : Le Devoir
Le premier roman de Guillaume Bourque, Jérôme Borromée (Boréal, 2013), évoquait les espoirs déçus, l’arrogance en perte de vitesse et l’effritement de liens superficiels qui accompagnent souvent la crise de la trentaine ; le tout présenté à travers les yeux d’un personnage pour le moins désabusé et un peu antipathique.
Bien que le ton et la forme soient complètement autres, Robbie reste, troisième livre de l’auteur, explore des thèmes similaires — deuil des idéaux et amoncellement de mauvaises décisions en tête —, cette fois pendant une autre crise charnière de l’existence masculine : celle de la quarantaine.
Le roman s’ouvre sur la mort de Robbie, qui heurte un arbre avec sa moto. Accident ou geste volontaire ? Son ultime message à son ex, « Je t’aime », laisse planer le doute. Son ami d’enfance, Harold, hanté par les souvenirs et les regrets, récemment séparé après une incartade sexuelle chimérique, retourne dans son village natal et emménage dans la cabane située dans la cour de la mère de Robbie. Dans cet endroit où les deux gamins ont fait les 400 coups, Harold cherche, dans le téléphone et l’ordinateur portable de son ami, des traces de ses derniers mois.
Lui-même affligé par la fin d’une relation amoureuse qui laissait présager une existence différente, Harold s’étourdit à grandes lampées de bière et plonge dans les archives de Robbie dans un mécanisme d’introspection refoulé dans lequel s’opère une identification au défunt. Très vite, les tourments et la douleur du mort se réverbèrent dans ceux du vivant. Mené par une obsession
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