C’est une rencontre improbable, a priori, comme le sont souvent les vraies rencontres.
Dans les Alpes italiennes, près de la frontière avec la Slovénie, un vieil horloger qui campe en solitaire dans les montagnes voit sa routine d’hiver bouleversée par l’irruption dans sa tente d’une squatteuse de 15 ans. Une jeune tsigane en rupture de ban qui a décidé de fuir sa communauté en refusant le mariage forcé qui l’attendait.
Une Rom « sauvage, agressive, en fuite », dira-t-elle plus tard d’elle-même, dont la famille possédait un ours savant et pratiquait la contrebande.
L’homme — qui a créé une fondation venant en aide aux sans-abri après s’être enrichi dans l’horlogerie — offre l’hospitalité à l’adolescente et va même décider de la protéger. Suivra une sorte de doux duel, entre taquinerie et complicité, avec une première partie constituée de nombreux dialogues, sur les hommes et la vie, l’amour, la vieillesse. « Être vieux, c’est comme bivouaquer tout en haut du bois, là où les arbres sont moins denses et où il y a plus de lumière. »
Ou encore sur la perception du temps : « Les montres sont des instruments de mesure, mais le temps c’est autre chose. Il va aussi bien au ralenti qu’à toute vitesse. »
Les deux protagonistes échangent leurs connaissances. Elle lui apprend des choses pratiques, il lui apprend à lire. C’est le premier acte du nouveau roman d’Erri De Luca, Les règles du Mikado.
Le « vieux » se passionne pour le Mikado, qu’il pratique en solitaire et auquel il va initier l’adolescente. Ce jeu d’adresse implique une quarantaine de longues
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