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Variante de la normale, de Pascale Millot, gagne le Prix du récit Radio-Canada 2024



 

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Source du texte: Lecture

« C’était écrit noir sur blanc dans le rapport : variante de la normale.

Variante de la normale, c’est déjà pas mal, à peine différent, légèrement original. Le radiologue avait d’ailleurs l’air parfaitement normal en promenant l’embout gluant de son gros tuyau sur mon ventre. Oh regardez, vous le voyez… Vous ne voulez pas le savoir, vraiment? Parce que c’est évident, vous le voyez, n’est-ce pas? Non, je ne voulais pas le savoir, mais la mine réjouie du radiologue ne laissait planer aucun doute. L’effet que ça fait un pénis sur un écran! »

Voici l’amorce de l’émouvant texte de Pascale Millot sur le deuil périnatal, Variante de la normale, qui remporte le Prix du récit Radio-Canada 2024.

Le dramaturge Laurier Gareau, la chroniqueuse Chantal Guy et le professeur et auteur Philippe Yong, qui composent notre jury 2024, ont choisi ce récit qui ne peut laisser personne indifférent. Pour le trio, ce texte est écrit à une époque cruciale pour ce qui est du droit à l’avortement, qui est remis en question aux États-Unis. La lecture s’inscrit dans un contexte bien particulier. […] Et la question du choix est au cœur du texte.

C’est un récit qui affronte, avec un immense courage, une perte qu’on pourrait penser irracontable. L’autrice y parvient pourtant, conjuguant, pour nous qui la lisons, émotion, distance, lucidité et douleur, avec maîtrise et humanité. Il est impossible de sortir indemne de cette lecture.

Une citation de Le jury

Une résidence à Banff

La lauréate Pascale Millot, dont une biographie plus détaillée se trouve dans l’annonce des finalistes, était presque sans mots lorsqu’on lui a annoncé qu’elle avait gagné le Prix du récit 2024. Wow! Wow! Wow! Merci.

Pascale Millot entend profiter de la résidence d’écriture au Centre des arts de Banff (Nouvelle fenêtre), offerte avec le prix, pour terminer un récit polyphonique autour du deuil périnatal, justement. C’est un événement douloureux, transformateur, qui touche beaucoup de femmes, mais qui est assez peu mis en récit. C’est un sujet puissant qui oblige à une langue puissante également, parce qu’il englobe simultanément la vie et la mort, la joie et le deuil, l’espoir et le désespoir.

Et si ce séjour lui permet d’écrire sur le sujet, elle aimerait bien publier un petit livre autour de cette histoire traumatique. Un récit qui adopterait plusieurs points de vue autour d’un même événement.

Transformer une difficile histoire en récit

Pascale Millot relate dans son récit un événement qui lui est arrivé il y a plus de 20 ans. Mais la mémoire garde vifs les détails les plus significatifs. C’est à partir de ces détails que j’ai écrit, réécrit et retravaillé maintes fois ce texte.

Elle pense que le temps doit avoir fait son œuvre pour réussir à faire un texte littéraire à partir d’une expérience personnelle traumatique, sinon il s’agirait d’un témoignage.

Ces détails qui restent imprimés dans la mémoire donnent sa véritéau texte, non pas parce qu’ils sont forcément vrais, mais parce qu’ils sont restés gravés en raison de la puissance de ce qu’ils évoquent, de l’incongruité qu’ils soulignent, de la douleur ou de la surprise qu’ils ont suscitées.

Une citation de Pascale Millot

La liberté de l’exil choisi

Née en France, Pascale Millot est arrivée à Montréal en 1992. Elle décrit avec des mots savoureux son enfance dans ce pays. J’ai passé une bonne partie de mon enfance et de mon adolescence en Picardie, pays des betteraves et d’Édouard Louis, avant de me sauver à toutes jambes et d’être sauvée par la littérature, le sport et le Québec, où j’ai maintenant vécu plus de la moitié de ma vie.

Si le fait de dire que le Québec l’a sauvée est une boutade, elle explique que l’éloignement et l’exil lui ont donné une grande liberté et lui ont permis de devenir elle-même. L’exil, particulièrement quand il est choisi et non subi, est véritablement une seconde naissance.

Après une longue carrière en journalisme, elle enseigne la littérature au niveau collégial. L’écriture est une seconde nature pour elle. Vingt ans de journalisme m’ont, peut-être, détournée un temps de l’écriture littéraire, mais m’ont aidée à développer mon sens du rythme narratif, à discerner l’inédit et à trouver ma voix, ou peut-être mes voix, puisque le journalisme est avant tout (mais de moins en moins, tant le relativisme est à la mode) l’art de donner une voix à ceux qui ne l’ont pas.

Si le journalisme lui a permis de décrire la réalité, ce n’est plus ce qui l’intéresse aujourd’hui. Elle est tellement déprimante.

De plus, le journalisme vit des temps difficiles en raison de la multiplication des plateformes numériques et du désintérêt des jeunes envers les médias traditionnels. Tant qu’à ne pas avoir d’impact, autant faire de la littérature, plaisante-t-elle. L’écriture littéraire me comble, car elle me permet de jouer avec le réel, avec la langue, les formes. Je me sens plus libre et, en vieillissant, j’ai de plus en plus besoin de liberté, et de moins en moins de contraintes.

Une bourse de 6000 $ pour la gagnante

À titre de lauréate du Prix du récit Radio-Canada 2024, Pascale Millot obtiendra une bourse de 6000 $, offerte par le Conseil des arts du Canada (Nouvelle fenêtre).

Chaque finaliste recevra 1000 $, également offerts par le Conseil des arts du Canada. Voici ces quatre finalistes :

Quant à la lauréate de langue anglaise (CBC Non Fiction Prize),il s’agit de Aldona Dziedziejko (Nouvelle fenêtre). On peut lire son récit, Ice Safety Chart: Fragments (Nouvelle fenêtre), sur le site de CBC Books (Nouvelle fenêtre).

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