Source : Le Devoir
Elle fut l’une des premières mannequins afrodescendantes en Amérique du Nord, et elle a séduit le Québec et la France avec son charisme renversant dans le film À tout prendre (1963), de Claude Jutra. Pourtant, peu aujourd’hui se souviennent du nom de Johanne Harrelle, une artiste complexe et talentueuse, une femme avant-gardiste qui s’est battue corps et âme pour mener la vie qu’elle souhaitait mener, en dépit du racisme, du sexisme et des conventions.
Née à Montréal en 1930 d’une mère québécoise et d’un père afro-américain qu’elle n’a pas connu, Johanne Harrelle a rapidement appris à faire de sa vie une fiction. Abandonnée sur le seuil d’un orphelinat, délaissée par de nombreuses familles d’accueil parce qu’elle ne correspondait pas au rôle de « servante » qu’on souhaitait lui attribuer, elle ne sait rien de ses origines avant le début de l’âge adulte. Elle s’invente donc un passé pour mieux tricoter son destin, tirant parti de son exotisme, de sa non-appartenance, de sa beauté incandescente et de son énergie contagieuse pour faire son chemin jusqu’aux plus grandes passerelles.
C’est à cette figure méconnue et révolutionnaire à sa façon qu’a choisi de consacrer la cinéaste canadienne d’origine haïtienne, Nadine Valcin, son tout premier long métrage documentaire. Johanne, tout simplement retrace à travers des images d’archives, des entretiens avec des proches et des extraits de ses écrits la trajectoire d’une femme constamment résolue à marcher à l’extérieur des cadres imposés par son époque, et qui a, consciemment ou non, pavé la voie à d’autres grandes artistes de la
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