Paru en premier sur (source): journal La Presse
Le Conseil des arts du Canada a dévoilé mercredi matin les lauréats des Prix littéraires du Gouverneur général, parmi lesquels figure le primo-romancier Steve Poutré pour son roman Lait cru.
Publié à 7 h 00
« C’est une grosse explosion de bonheur pour moi, a confié Steve Poutré au bout du fil. J’ai l’impression que ça va probablement casser une espèce de syndrome de l’imposteur dans mon cas ; je n’ai pas fait d’études littéraires, je n’ai même jamais mis le pied dans une université – je suis designer graphique –, mais j’ai toujours eu un bon roman sur ma table de chevet et depuis que je suis tout petit, c’était un rêve pour moi d’écrire un roman. »
Ce premier roman, paru l’hiver dernier chez Alto, évoque l’enfance d’un homme dans la ferme laitière de sa famille. « Je suis parti de tous mes souvenirs d’enfance, précise l’auteur. Les drames qu’on a vécus dans ma famille, les suicides de mon grand-père, de ma tante, de mon cousin. »
J’ai traité Lait cru sous l’angle de la maladie mentale. Je me suis mis dans la peau d’un narrateur qui serait dans une espèce de psychose et qui ferait une relecture de son enfance d’une manière un peu plus oblique.
Steve Poutré
Steve Poutré travaille déjà sur son deuxième manuscrit, qui puise encore une fois son inspiration dans le même terreau.
Les autres finalistes de la catégorie romans et nouvelles étaient De grandes personnes, de Mathieu Rolland (Boréal), La version qui n’intéresse personne, d’Emmanuelle Pierrot (Le Quartanier), Le compte est bon, de Louis-Daniel Godin (La Peuplade), ainsi que Muette, de Pascale Beauregard (Boréal).
Un essai féministe sur le sport
Dans la catégorie essais, c’est Florence-Agathe Dubé-Moreau qui a remporté le prix pour son livre Hors jeu : Chronique culturelle et féministe sur l’industrie du sport professionnel, paru l’automne dernier aux Éditions du remue-ménage.
« On vit un moment historique pour le sport féminin et la place des femmes dans le sport, a souligné l’autrice. Et je me sens extrêmement fière et chanceuse que le livre puisse participer à ce moment-là. »
J’avoue que ce prix permet de rêver à la pertinence d’une parole féministe dans l’espace public, particulièrement dans un domaine à majorité masculine et dans une tradition aussi forte que le sport.
Florence-Agathe Dubé-Moreau
Florence-Agathe Dubé-Moreau a expliqué que son objectif était de raconter « différemment » les femmes qui font le sport – qu’elles soient en couple avec des joueurs, cheerleaders, arbitres, coach ou dirigeantes – et d’apporter un regard féministe autour de ces postures pour qu’on puisse collectivement les voir différemment. Elle a d’ailleurs tenu à préciser que Martine Delvaux avait été la relectrice externe de ce livre qui est le premier essai des Éditions du remue-ménage à remporter un prix du Gouverneur général. « C’est une maison d’édition tellement fondamentale sur l’avancée de la pensée féministe et critique au Québec. »
L’ouvrage disputait le prix notamment aux essais Porter plainte, de Léa Clermont-Dion (Le Cheval d’août), et Noir satin, de Stanley Péan (Boréal).
Des lauréats dans sept catégories
En tout, sept titres ont été retenus en français et autant en anglais parmi les 70 finalistes de cette année.
En poésie, c’est poème dégénéré, de névé dumas (L’Oie de Cravan) qui a été choisi, tandis qu’en théâtre, il s’agit de Wollstonecraft, de Sarah Berthiaume (Ta Mère).
En littérature jeunesse, la gagnante de la catégorie texte est Stéfani Meunier pour Une bulle en dehors du temps (Leméac). Dans les livres jeunesse illustrés, c’est Le premier arbre de Noël, de l’auteur innu Ovila Fontaine et l’illustratrice Charlotte Parent (La Pastèque). Cet ouvrage est d’ailleurs en cours de traduction en innu dans le but de servir d’outil pédagogique dans les écoles, en plus d’avoir déjà été publié en russe.
Dans la dernière catégorie – traduction de l’anglais vers le français –, c’est la version française du roman de Philip Lee qui s’est démarquée : Ristigouche : Le long cours de la rivière sauvage, traduite par Éric Fontaine (Boréal).
Les gagnants des prix littéraires du Gouverneur général remportent une somme de 25 000 $ pour leur livre, alors que l’éditeur reçoit 3000 $ pour en faire la promotion et les finalistes, 1000 $.