Source : Le Devoir
L’autrice bien connue Naomi Klein narre dans son nouvel essai foisonnant Le double. Voyage dans le monde miroir sa mésaventure de se voir dépossédée de son véritable moi numérique. Confondue avec une autre sur les réseaux sociaux, l’essayiste canadienne engagée revient sur cette stupéfiante histoire de confusion d’identité en proposant une réflexion profonde sur la montée du complotisme à l’ère de la désinformation.
Noami Klein, vedette de la gauche altermondialiste américaine, signe un ouvrage imposant, dédaléen et inclassable dans lequel on fait la connaissance de son double obscur, une femme nourrie aux théories complotistes. Le titre du livre en anglais, Doppelganger, renvoie justement à une figure maléfique de la mythologie germanique que l’on peut traduire par « sosie » ou « fantôme ».
C’est pendant la crise sanitaire de la COVID-19 que l’essayiste a découvert l’existence d’une personne presque du même âge et physiquement semblable, mais qui n’a pourtant rien en commun avec elle. Réfugiée comme la plupart d’entre nous sur le Web devant l’écran de son ordinateur durant les longues périodes de confinement, Klein comprend dans la stupéfaction que les internautes la confondent régulièrement avec une personne prénommée Naomi Wolf, figure fantasque, adepte de QAnon et comparse de Steve Bannon, l’ancien conseiller controversé de Donald Trump.
Avant de se muer en égérie du trumpisme, cette « autre Naomi » est une ancienne militante de gauche, conseillère d’Al Gore dans les années 1990 et connu pour son livre féministe The Beauty Myth. La confusion entre Klein et cette personnalité d’extrême droite, crée chez l’essayiste d’abord un sentiment de panique. « J’étais devenue
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