Avec ce premier livre d’une entreprise de cartographie du monde — et de son monde — en quatre volumes et quatre saisons, l’auteur de Boussole (Actes Sud, prix Goncourt 2015), Mathias Énard, se transforme en piéton à travers Berlin et ses paysages d’automne. S’appuyant sur « un changement de rythme dans le fil du temps », une amie gravement malade à qui il rend visite, il nous convie, dans Mélancolie des confins, à une déambulation à la fois fluide et désordonnée. Une forme d’enquête littéraire, un exercice de mémoire au cours duquel l’écrivain français, l’humeur érudite, mélancolique et vagabonde, lève quelques fantômes — soldats vaincus, statuesques oubliées, champs de bataille en friche — en mélangeant, comme il le fait souvent, l’intime et le collectif pour explorer une « poésie des confins ». Car pour Mathias Énard, la littérature « sort du charnier tel un coquelicot, un pavot du pauvre qui donnerait cette forme magnifique d’oubli, cette forme sublime d’oubli qu’est la mémoire, qu’est un livre ».
Mélancolie des confins, tome 1. Nord
★★★ 1/2
Mathias Énard, Actes Sud, Arles, 2024, 320 pages
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