Paru en premier sur (source): journal La Presse
Racines têtues, bourgeons salvateurs, tiges libératrices… Le végétal flirte avec le surnaturel dans Nous renaîtrons peut-être, un recueil de nouvelles aux tendances écoféministes d’Hélène Laforest qui met en scène des femmes aspirant à une vie meilleure.
Publié à 9 h 30
Dans la perturbante « Mille-feuille », Olivia, jeune végane idéaliste en brouille avec sa mère, se nourrit à l’énergie solaire grâce à l’encre de chlorophylle de son tatouage. Dans la touchante « Les plantes d’intérieurs n’existent pas », on assiste à la métamorphose de Laure, qui, diminuée à la suite d’un AVC, retrouve son autonomie après avoir été mordue par une mystérieuse plante… puis voit des bourgeons apparaître sur son corps et se mue en végétal.
Les textes sont parfois déroutants ; il faut apprécier la touche fantastique, qui flirte par moments avec l’épouvante (fantômes, feuillages envahissant les espaces clos, tiges émergeant de différents orifices), pour s’immerger confortablement dans cet univers et se laisser porter par les mots.
L’écriture d’Hélène Laforest (le roman Bois Dormant) est d’une grande sensibilité et d’une grande finesse. Elle traite avec justesse de nombreux thèmes actuels comme la crise du logement et le vieillissement de la population. L’autrice aborde aussi avec humanité les douleurs chroniques, les complexes liens mère-fille ou l’importance de l’esprit de communauté, mis en relief dans plusieurs histoires.
Nous renaîtrons peut-être est un recueil inégal (certaines nouvelles sont prenantes alors qu’on perd le fil dans la suivante, en raison de la multiplication des personnages), mais original, où les végétaux, libres et déterminés, n’hésitent pas à (re)prendre leur place où l’humain s’y attend le moins.
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Nous renaîtrons peut-être
Tête Première
336 pages