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«Soleil rouge»: mère d’incendie

Source : Le Devoir

Dès les premières pages rouge, le lecteur se trouve immobilisé dans une moiteur oppressante où la chaleur et la sueur pèsent sur chaque instant. Johanne Lykke Holm (Strega, au Grand de littérature du Conseil nordique en 2021) compose ici un roman sensoriel où les perceptions sont exacerbées : l’asphalte semble se liquéfier sous les pas, l’air est saturé d’une tension latente, et le fleuve, omniprésent, mais insaisissable, hante la ville telle une menace diffuse.

« Ce fleuve, qui a donné son nom à la ville et aux montagnes environnantes, même s’il n’est jamais réellement visible où que l’on se trouve, se contente de se faire connaître par son odeur douceâtre et par les tempêtes qui, de temps en temps, s’y rassemblent pour ensuite s’abattre sur la ville, en un violent et sale balayant les rues comme un gang de jeunes impatients et sanguinaires, sortant les habitants de leur sommeil engourdi. »

On suit India et Kallas, un couple englué dans un quotidien languide, fait de courses au marché, de cigarettes fumées à la fenêtre et de nuits étouffantes où chaque geste semble porteur d’une signification insaisissable. L’attente devient leur rythme : celle d’un ailleurs, d’une échappée vers l’océan, rendue possible par une invitation de leur amie Desma. Mais cette fuite est-elle une solution ou une chimère ?

Sous son apparente inertie, le roman vibre d’interrogations profondes, notamment celle sur la maternité, omniprésente et pourtant refusée. India rejette farouchement l’idée, craignant de perpétuer un héritage dont elle ne veut pas. Toutefois, trois enfants —

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