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Le Tout | Le Tout est partout

Paru en premier sur (source): journal La Presse

Imaginez une entreprise qui serait la fusion de Facebook et d’Amazon, et qui aurait une emprise inégalée sur la vie des gens. Dave Eggers a placé cette entreprise-pieuvre au cœur de son plus récent roman, Le Tout, qui est aussi le nom de cette compagnie monstrueuse.


Publié à 7 h 30

Si vous avez lu Le cercle, son précédent roman, vous retrouverez le personnage de Mae Holland (interprétée par Watson dans l’adaptation cinématographique). La jeune femme a grimpé les échelons pour devenir une des dirigeantes de l’entreprise tentaculaire. dit, on peut très bien lire Le Tout sans avoir lu Le cercle.

Dans Le Tout, le personnage principal est Delaney, une jeune femme qui tente par tous les moyens de détruire cette méga-entreprise de l’intérieur. Avec son copain Wes – qui tente d’échapper à la surveillance constante exercée par Le Tout – Delaney fait partie des esprits critiques qui résistent à l’envahissement de sa vie privée. Elle se fait embaucher par Le Tout avec l’objectif de la saboter de l’intérieur. Comment ? En proposant des concepts encore plus intrusifs dans l’espoir de pousser la population à se révolter. Comme cette application qui permet d’évaluer les sentiments de vos amis pour savoir s’ils sont vraiment sincères. Hélas, chaque nouvelle idée de Delaney est accueillie à bras ouverts.

On rit souvent jaune en lisant le futur imaginé par Eggers : des employés soudés à leur ordi qui doivent se lever à tout moment pour bouger ou boire suffisamment d’eau. Des interactions entre collègues scrutées et évaluées en tout temps, et une application qui leur suggère des mots et une tournure de phrase plus amicale, question d’obtenir une meilleure note à la fin de la journée.

Wes viendra rejoindre son amie Delaney au sein du Tout, mais le rebelle deviendra un des employés les plus enthousiastes. Car dans cette dystopie, personne n’est de taille à résister au Tout…

Le roman de Dave Eggers est aussi une critique de notre passivité face aux géants du web, qui contrôlent nos vies avec notre permission.

Drôlement proche de notre réalité, il nous force à nous questionner sur nos dépendances numériques, et sur le pouvoir que nous sommes prêts à abandonner aux mains des entreprises technologiques en échange d’applications censées « faciliter » notre vie.

Dans un où notre attention est fragmentée et sursollicitée, Dave Eggers nous demande de nous investir dans son roman, une brique de 640 pages qui comporte, il faut le dire, quelques longueurs. Un roman qui nous brasse la cage, en espérant qu’il ne soit pas trop tard.

Le Tout

Le Tout

Dave Eggers (traduit de l’anglais – États-Unis – par Bourdin)

Gallimard

640 pages

7,5/10

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