Théo Ravier et Léa Woks, un catholique breton et une Française d’origine juive, ont tous les deux 25 ans au début des années 2000. Théo est le fils d’une femme à moitié allemande et enseignante d’histoire, gardienne à sa façon de la mémoire de la Shoah, du « plus jamais ça ». À la fois comptable et coupable d’une dette qu’il est impossible de rembourser.
Aux yeux de Léa, Théo représente le « mensch » idéal, le type bien qui comprend tout et « prend la faute ». Il lui offre aussi, consciemment ou pas, un nom de famille sous lequel se fondre et qui pourrait, en cas de bégaiement de l’Histoire, lui servir de rempart.
Il deviendra critique d’art, spécialisé dans les œuvres mettant en scène l’Holocauste. Elle sera avocate. Et si pendant longtemps leur histoire d’amour est heureuse, tous les deux vont se transformer sous le poids de l’Histoire. Des fossés qui vont irrémédiablement se creuser autour de l’attaque du 7 octobre 2023 en Israël.
Avec Toutes les vies de Théo, Nathalie Azoulai nous offre un douzième roman accéléré, virevoltant, percutant. Une tragicomédie amoureuse avec des accents d’urgence et de géopolitique. Née en 1966, l’écrivaine, membre du jury du prix Femina depuis 2021, avait obtenu le prix Médicis en 2015 avec Titus n’aimait pas Bérénice (P.O.L).
La décision d’écrire à la fois sur la judéité, l’antisémitisme, le conflit israélo-palestinien, sur l’amour et sur le couple ne manque pas d’audace. Un choix qui pour Nathalie Azoulai répond à plusieurs nécessités, à commencer par une ligne discrète mais constante qui s’insinue
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