Kombucha, lactofermentation, compost domestique, bières artisanales et vin nature : comment expliquer ce « grand retour du moisi » dans nos sociétés aseptisées ? C’est ce qu’a tenté de comprendre la philosophe et journaliste française Anne-Sophie Moreau avec Fermentations. Kéfir, compost et bactéries : pourquoi le moisi nous fascine, en mêlant habilement enquête journalistique et interrogations philosophiques pour comprendre les tenants et aboutissants de cette « utopie écologico-politique » de la fermentation, où les bactéries (qui sont au nombre de 10 000 milliards dans notre intestin, ce « deuxième cerveau ») sont au fond « une composante de notre moi ». Où le levain qui vivote sur notre comptoir devient une composante de l’éternel retour nietzschéen. Mêlant, parmi d’autres penseurs, Bruno Latour, Hannah Arendt et Peter Sloterdijk à ses réflexions, l’autrice voit dans cette vogue « une quête de régénération à la fois intérieure et sociétale ». Un stimulant tour de la question.
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