Paru en premier sur (source): journal La Presse
Elle est médecin, mais elle écrit des thrillers certifiés « addictifs et machiavéliques ». Des livres comme La femme de ménage ou son tout nouveau, La prof, qui l’ont propulsée au sommet des ventes. Décryptage du phénomène derrière Freida McFadden.
Des ventes phénoménales
Aux États-Unis, Freida McFadden a détrôné les grands maîtres du genre que sont James Patterson, David Baldacci et John Grisham. L’an dernier, elle était l’autrice de thrillers la plus vendue chez nos voisins du Sud, selon le New York Times. Avec des ventes qui atteignent les 6 millions d’exemplaires pour ses 23 livres, et des traductions dans 40 langues, elle est sans contredit la nouvelle coqueluche des fans de thrillers.
Rien qu’au Québec, à la mi-mai, son plus récent titre (La prof) et son titre phare (La femme de ménage) étaient dans le palmarès des 10 livres les plus vendus dans les librairies indépendantes comme dans le réseau des magasins Renaud-Bray et Archambault. Deux autres titres, Les secrets de la femme de ménage et La psy, n’étaient pas très loin derrière…
En France, même constat : les livres de Freida McFadden cartonnent. En témoignent les données recensées par GFK et Livres Hebdo qui montraient, entre le 14 et le 20 avril, qu’un livre sur deux vendus en France était signé par la romancière américaine. Un véritable raz-de-marée Freida McFadden, pour reprendre l’expression du magazine en ligne français ActuaLitté.
De la médecine à l’autoédition

PHOTO KIERAN KESNER, ARCHIVES THE NEW YORK TIMES
L’autrice Freida McFadden est aussi médecin spécialisée dans les lésions cérébrales.
Derrière ce pseudonyme, destiné à préserver son anonymat auprès de ses patients, se cache une médecin spécialisée dans les lésions cérébrales qui exerce dans la région de Boston. Mère de deux enfants, Freida McFadden a grandi à Manhattan et étudié à Harvard. Et c’est durant ses études en médecine qu’elle commence à tenir un blogue où elle décrit les horreurs et les humiliations dont elle est témoin. Ces histoires finissent par prendre la forme de son premier roman, The Devil Wears Scrubs, qu’elle autopublie sur une plateforme en ligne en 2013. La fiction devient rapidement pour elle une échappatoire.
Le succès de La femme de ménage

PHOTO KIERAN KESNER, ARCHIVES THE NEW YORK TIMES
Version originale anglaise de La femme de ménage voit tout
Quelques années – et quelques livres – plus tard, elle imagine The Housemaid (La femme de ménage en français), qui passe à un cheveu de ne jamais voir le jour ; car ce roman sur une femme au passé criminel, qui se retrouve à s’occuper de la maison d’une riche famille à Long Island, lui semble trop sombre à son goût.
Il est finalement publié en 2022 – l’année suivante en français. Et il connaît un succès monstre. Deux millions d’exemplaires sont vendus. Des suites sont publiées. Un éditeur propose alors à l’autrice de publier une quinzaine de ses romans précédents, qui n’existaient qu’en version numérique. Sa carrière littéraire décolle au point qu’elle n’exerce plus qu’une journée par semaine comme médecin désormais.
Une recette qui fonctionne
Tant sur TikTok que du côté des booktubeurs, le phénomène Freida McFadden crée l’engouement. Dans une entrevue avec l’Agence France-Presse, sa traductrice française, Karine Forestier, a expliqué que même si, d’un point de vue stylistique, c’est de la littérature de gare, « beaucoup de gens qui ne lisent pas habituellement sont happés ».
L’autrice dit elle-même s’amuser à écrire des livres dans le genre de ceux qu’elle apprécie : faciles à lire et divertissants. Comme ceux d’Alafair Burke, Gillian Flynn ou Lisa Jewell, qui figurent parmi ses autrices préférées des dernières années. Et ses « McFans », pour reprendre l’expression, se sont habitués à son rythme de publication – au moins deux livres par an.
Ses livres sont un amalgame de suspense et de rebondissements en série, du début à la fin. Avec des personnages féminins auxquels on peut facilement s’identifier, qui mènent des vies parfaites en apparence, mais qui cachent de nombreux squelettes dans leurs placards. Comme Ève, l’héroïne de La prof, une enseignante de mathématiques au secondaire qui partage sa vie avec le plus beau prof de l’école…
Pour beaucoup de lecteurs, il s’agit d’un plaisir coupable auquel il est difficile de résister. Pour d’autres, plus rares, la romancière se répète de livre en livre et ses intrigues ont un je ne sais quoi de vaguement familier. Malgré tout, son succès ne semble pas près de s’essouffler.
Un film… et beaucoup d’autres livres
À ce jour, six de ses romans ont été traduits en français : les quatre titres de la série La femme de ménage, La psy et le dernier en date, La prof, qui est paru à la mi-avril. Il en reste un grand nombre à traduire de l’anglais – comme The Surrogate Mother, The Tenant, The Crash, pour ne nommer que ceux-ci –, mais ce ne sera peut-être pas avant 2026 que les lecteurs francophones auront une nouvelle traduction entre les mains.
Le prochain titre à paraître est le format de poche de La femme de ménage se marie, fin juin. On attend par ailleurs l’adaptation cinématographique de The Housemaid, réalisée par Paul Feig (Bridesmaids, Ghostbusters), avec les actrices Sydney Sweeney et Amanda Seyfried dans les rôles principaux, et dont la sortie en salle est prévue fin décembre aux États-Unis.

La prof
City
388 pages