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L’histoire
Viviane Leduc, une étudiante en sciences politiques très habile avec les systèmes informatiques, est abordée abruptement dans la rue par un inconnu. Nous sommes à Montréal, en 1985. Cet homme, Kostas Osmani, est un réfugié politique albanais qui enseigne la littérature à l’université. Le parfum de mystère dont il s’entoure attire aussitôt Viviane, qui découvre bientôt que les fréquentations et le passé de son nouvel amant sont troubles. Quand Kostas disparaît, elle se lance à sa recherche, suivant jusqu’en Europe une piste friable et risquée.
(Le Cheval d’août, 150 p.)
3 bonnes raisons de lire… Jour de clarté, de Laurence La Palme
Tout le roman repose sur les épaules de la géniale Viviane, la narratrice. On saisit assez vite que l’histoire plutôt inusitée dont elle fait le récit a été déterminante dans sa vie. Extrêmement lucide, elle raconte comment elle a mis à profit ses compétences informatiques, son esprit de déduction et son flair imparable — malgré son jeune âge — pour mieux cerner le personnage de Kostas et découvrir pourquoi il a dû quitter Montréal aussi précipitamment. L’intrigue est brillamment conduite grâce à son compte rendu méticuleux, qui explore les dédales du piratage informatique, l’histoire houleuse de l’Albanie et l’intimité des trajectoires personnelles.
Le livre n’impressionnerait pas autant sans son écriture synthétique et cérébrale, qui expose les événements avec une délicieuse retenue. Érudit sans se prendre au sérieux, le texte joue ouvertement avec les codes du roman d’espionnage et même, par petites touches, avec ceux de la romance. L’ironie est partout : dans les revirements majeurs de l’intrigue expédiés en quelques lignes, dans la fausse naïveté ou la grandiloquence de certains échanges, dans les discussions politiques qui parsèment l’ouvrage. Viviane est d’une intelligence redoutable et l’écriture est à son image.
Campé dans les années 1980, le roman restitue avec brio son époque, faisant renaître non seulement le charme daté des walkmans, des disquettes et des cabines téléphoniques, mais aussi le bouillonnement politique de la période, en pleine guerre froide. Ce livre est d’ailleurs le premier d’une série consacrée à la géopolitique de la fin du XXe siècle, dont les intrigues tourneront autour de petites nations. Au vu de la qualité de Jour de clarté, on ne peut qu’attendre avec impatience le prochain tome, qui paraîtra en mai 2026 et abordera l’indépendantisme catalan.
Cet article a été publié dans le numéro de juillet-août 2025 de L’actualité, sous le titre « 3 bonnes raisons de lire Jour de clarté, de Laurence La Palme ».
