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Chaque 25 septembre, la journée J’achète un livre franco-ontarien rassemble les lecteurs autour de la production littéraire franco-ontarienne. Dix ans après sa création, quel bilan faire de cette initiative? Quatre figures de la chaîne du livre partagent leur analyse.
Mireille Messier, une implication continue depuis une décennie

L’autrice jeunesse Mireille Messier a amorcé en 2015 la campagne « J’achète un livre franco-ontarien » avec la complicité du poète sudburois Michel Dallaire.
Photo : Offert par Mireille Messier / Ian Partridge
Encouragée par le succès de l’opération Le 12 août, j’achète un livre québécois, l’autrice jeunesse Mireille Messier rêve en 2015 d’une démarche similaire en Ontario. On a vu que ça fonctionnait bien, que les auteurs, les librairies, mais aussi le grand public embarquaient
, se souvient la Franco-Ontarienne en évoquant l’expérience québécoise.
Après la bénédiction de ses homologues de la Belle Province, l’autrice se lance avec l’aide d’autres membres du milieu littéraire franco-ontarien. La date du 25 septembre est tout naturellement choisie : Jour des Franco-Ontariens et des Franco-Ontariennes, elle s’insère parfaitement dans le calendrier de la rentrée littéraire.
Dans cet exercice visant à faire rayonner la littérature franco-ontarienne, un des plus grands défis
, relève Mireille Messier, demeure de faire connaître les auteurs franco-ontariens. Cette année encore, les efforts de communication sur les réseaux sociaux incluent un calendrier de l’avent dévoilant durant le mois de septembre 24 suggestions, avant le jour J.
On ratisse très large et on essaie d’intéresser le plus d’acteurs possibles
, fait valoir l’autrice, citant la diversité de genre et culturelle des auteurs, mais aussi celle des livres mis de l’avant incluant romans, pièces de théâtre, essais, livres documentaires et livres jeunesse.
Mireille Messier invite à ne pas oublier les auteurs franco-ontariens qui sont publiés ailleurs qu’en Ontario
, d’Aurélie Resch à Pier Courville de Daniel Poliquin à Marie-Hélène Larochelle.
L’autrice souligne par ailleurs que les achats peuvent se faire en personne en librairie, mais aussi en ligne, pour mieux déjouer l’absence de librairies francophones dans certaines régions de l’Ontario.
L’organisme bénévole qui porte la campagne rassemble, au côté de Mireille Messier, l’autrice ottavienne Marie-Josée Martin et Martine Noël, titulaire d’un doctorat en littérature franco-ontarienne. Le trio se donne pour but d’étendre la démarche au-delà du 25 septembre, à travers des suggestions de livres partagées au sein des écoles et des bibliothèques pour un impact tout au long de l’année.
L’autrice Monia Mazigh : célébrer et résister

Grâce à la journée J’achète…, « il y a une certaine conscientisation de la population qu’un livre peut être canadien, québécois, mais aussi franco-ontarien », relève Monia Mazigh.
Photo : Offert par Monia Mazigh / Mathieu Girard
Lorsqu’elle publie son premier ouvrage, en 2008, le récit autobiographique Les larmes emprisonnées, l’Ottavienne d’adoption Monia Mazigh ne peut pas encore compter sur la visibilité assurée par la journée J’achète un livre franco-ontarien.
J’aime beaucoup cette initiative. Je l’ai vue naître et grandir
, confie-t-elle. Monia Mazigh se souvient notamment du sentiment de fierté un jour où elle s’est rendue dans une librairie un 25 septembre, et où elle a pris toute la mesure de la richesse littéraire franco-ontarienne.
Elle reconnaît que cette journée permet de soutenir l’ensemble des maillons de la chaîne du livre. Mais c’est aussi une façon de soutenir la culture dans un milieu minoritaire. Donc, c’est très important
, poursuit-elle.
À un achat qui devient un geste politique, économique, artistique
, Monia Mazigh associe une certaine forme de résistance
visant à rappeler que le français en milieu minoritaire continue à exister et à bien se porter
.
L’éditrice Chloé Leduc Bélanger : une initiative aux allures de projecteur
Ancienne éditrice chez Prise de parole Chloé Leduc-Bélanger dirige à présent les éditions L’Interligne. Elle salue la capacité de l’événement J’achète… à offrir de la visibilité aux œuvres franco-ontariennes.
C’est très beau de voir les réseaux sociaux s’animer, les lectrices et lecteurs partager leurs lectures favorites ou leurs intentions d’achat, et de voir aussi de belles vitrines en librairie
, énumère Chloé Leduc-Bélanger.

Chloé Leduc-Bélanger dirige depuis janvier dernier les Éditions L’Interligne.
Photo : Offert par Chloé Leduc-Bélanger / Bennett Malcolmson
Chaque année, elle dit découvrir des livres exceptionnels, en faisant cet effort de faire un choix conscient, d’acheter un auteur ou une autrice franco-ontarienne
. La journée permet par ailleurs de proposer des nouveautés, mais aussi des livres qui seraient peut-être passés sous le radar
, relève-t-elle.
Depuis 10 ans, il y a certainement beaucoup plus d’ouverture de la part des institutions, des organismes littéraires et, je crois, de la part des lecteurs aussi
, mentionne l’éditrice.
En Ontario français, on n’a pas beaucoup de librairies francophones. Avec de telles initiatives, je pense qu’on peut continuer de les garder en vie.
Cette dernière se félicite que le projecteur
de cette journée suscite la curiosité des lecteurs à l’intérieur, mais aussi au-delà des frontières ontariennes.
La libraire Nathalie Savard : continuer de donner du souffle au mouvement

Propriétaire de la librairie Le coin du livre, à Ottawa, Nathalie Savard appuie depuis 2015 la campagne « J’achète un livre franco-ontarien ».
Photo : Offert par Nathalie Savard
Désormais située au 2200, chemin Montréal à Ottawa, la librairie Le coin du livre a été une des premières librairies qui a vraiment embarqué et qui nous a beaucoup aidés
, souligne Mireille Messier.
Engagée dans le milieu littéraire franco-ontarien depuis 35 ans, Nathalie Savard se réjouit aujourd’hui de la reconduite annuelle de l’opération, évoquant la fierté
de mettre en valeur les auteurs et les éditeurs franco-ontariens.

Du 25 au 27 septembre, la librairie Le coin du livre propose diverses activités à ses petits et grands lecteurs.
Photo : Offert par Nathalie Savard
Nathalie Savard n’a toutefois pas attendu le lancement de cette journée pour distinguer la production franco-ontarienne dans sa librairie. Elle ajoute avoir toujours veillé à valoriser les ouvrages de l’ensemble de la francophonie canadienne.
Elle constate toutefois que la caisse de résonance permise par la campagne prend de l’ampleur chaque année, avec un impact notable sur les ventes. Quant aux défis qui demeurent, la libraire insiste sur l’importance de sensibiliser les écoles, les conseils scolaires et les lecteurs pour que le mouvement ne s’essouffle pas.
Au sein de sa librairie, petits et grands lecteurs seront d’ailleurs choyés du 25 au 27 septembre avec diverses activités, y compris des rencontres avec des auteurs et illustrateurs, dont Andrée Poulin, Pierre-Luc Bélanger, Sébastien Pierroz et Éric Péladeau, des séances de dédicaces, du maquillage et des cupcakes aux couleurs du drapeau franco-ontarien
.