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Un dossier important a pris tout votre temps au boulot dans les derniers mois ? Vous perdez le fil des parutions musicales d’ici ? Pas de souci, L’actualité est là pour vous. Nous avons fait le tri dans la multitude d’albums québécois lancés cet automne pour extraire le travail de six créateurs incontournables aux sonorités assez variées. Vous voilà équipé pour épater la galerie dans les cocktails dînatoires (et surtout pour enrichir votre catalogue personnel).
La prolifique : Cœur de pirate, Impossible à aimer. Béatrice Martin a travaillé fort dans les derniers mois. La patronne de l’étiquette de disques Bravo musique, qu’elle a construite sur les cendres de Dare to Care, a récemment offert son sixième album. Les nouvelles pièces ont des textes et des structures country-folks qui rappellent ses débuts, mais elles constituent aussi une sorte de plongée musicale dans la chanson française des années 1970. Rythmes disco, cordes suaves et effets pop à paillettes sont au menu. En prime, vous pouvez réécouter son disque instrumental, Perséides, lancé en avril. Grosse année, donc, pour Cœur de pirate.
L’audacieux : Hubert Lenoir, Pictura de ipse : Musique directe. Après avoir cartonné avec son premier disque, porté par le morceau « Fille de personne II », Hubert Lenoir, enfant terrible autoproclamé de la chanson québécoise, est revenu en septembre avec un deuxième opus décoiffant. Au lieu de surfer paresseusement sur la vague, Lenoir propose un album complexe et chargé, moins accessible, mais dont les racines creusent plus profondément en nous. Il y a de petites bombes, comme « Secret » et « Octembre », qui sont toutefois entourées d’interludes exploratoires et de captations sonores semblables à des field recordings (enregistrements sur le terrain). Autosabotage ou chef-d’œuvre ? Les deux ?
L’épatante équipe : Édith Butler, Le tour du grand bois. La chanteuse acadienne aguerrie Édith Butler a injecté dans sa musique une dose d’énergie et de modernité en s’associant avec Lisa LeBlanc, qui signe la réalisation de ce disque. On dirait que l’interprète de « Paquetville » reprend vie grâce à cette association fructueuse avec sa compatriote néo-brunswickoise, qui chante sur trois titres, dont « Ti-gars », une des pièces de son propre répertoire. Au fil de notre écoute, on ne peut s’empêcher de sourire : leur complicité et leur plaisir sont contagieux. Le matériel est d’abord porté par les guitares électriques, puis adopte un léger virage traditionnel en fin de parcours.
L’engagé : Émile Bilodeau, Petite nature. À 25 ans, Émile Bilodeau est encore jeune et toujours fougueux, et il accumule les années et les albums sans que sa flamme sociale et politique vacille. L’environnement reste un enjeu central pour lui (d’où le titre du disque), tout comme le racisme et les injustices. La différence ici, c’est l’enrobage plus ample et orchestral, signé Philippe Brault (Pierre Lapointe, Salomé Leclerc, Koriass).
Le poète : Patrice Michaud, Grand voyage désorganisé. L’auteur-compositeur-interprète gravit les échelons de la popularité, notamment grâce à son animation de Star Académie, mais ses albums restent fidèles à sa touche et à sa nature — il chante qu’il est un « gars normal, plutôt général ». Sur Grand voyage désorganisé, on retrouve une bonne dose de poésie, d’âme, enrobée de mélodies touchantes et d’une musique qui est au service de l’ensemble plutôt que de servir d’appât à tout prix.
Les pétillants : Bon Enfant, Diorama. Le groupe mené par la chanteuse Daphné Brissette (Canailles) et le guitariste Guillaume Chiasson (Ponctuation, Jesuslesfilles) propose sur ce deuxième disque des chansons rock au motif tie-dye, imbibées d’influences des années 1970. Avec ces nouveaux morceaux enlevants sous forme d’exutoire, le groupe joue au ping-pong entre Fleetwood Mac et Louise Forestier. Les synthétiseurs roucoulent, la batterie roule joliment, les guitares multiplient les clins d’œil au passé… Bon Enfant offre des grooves impeccables, des refrains forts et des mots doux-amers. Un bel assemblage, quoi.