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Poésies de convictions

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Elles sont debout. Leur nombre impressionne ; leur résilience, aussi. Leur voix est puissante et leurs récits, parfois, sont terrifiants. Elles ébranlent une charpente maintenue depuis des siècles et qui, rouillée, engoncée, mille fois rabibochée, tarde à céder. Mais leur force, n’en doutons pas, viendra à bout des violences qui l’ont nourrie. Sur le chemin de leurs luttes souveraines, elles se racontent.

Ces jours-ci paraissent deux recueils de — Le jour survit à sa chute, de Catherine Morency, et Survivaces, de — qui témoignent de la violence quotidienne que subissent tant de femmes. Deux recueils qui, à leur manière, transcendent la noirceur et font advenir la fameuse lumière du bout.

Vivre à tue-tête

Dans une nuit d’avril 2018, un homme s’est introduit par effraction chez Geneviève Rioux, a tenté de l’agresser sexuellement et de l’assassiner. Elle s’est défendue et fait aujourd’hui de cette nuit le point de départ de son premier recueil de poésie, Survivaces.

À ce s’adoube celui d’une autre nuit où un homme a tenté de violer sa mère, chez elle. Geneviève Rioux avait alors sept ans. Le traumatisme est double : « Contrainte / À rouvrir les plaies / Ma mère voit / Sans suture, visage poignardé / Son enfant // Dix-huit coups de couteau / Percent ma chair / Et son regard / Sur ce qu’il en coûte d’être / L’une parmi Nous. »

Ce « Nous », marqué par la tragédie, Geneviève Rioux se l’approprie. Plus encore, elle y prend appui. Ses mots, armés contre cet agresseur masqué, convoquent plutôt le visage découvert de la solidarité : « C’est ça, la guerre mondiale / Cette

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