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(Paris) Des grands feuillets recouverts de la poudre qu’il inhalait pour combattre son asthme, Proust ne pouvait imaginer qu’ils seraient un jour l’objet des soins des restaurateurs de la Bibliothèque nationale de France.
Publié à 6h43 ✓ Lien copié Hugues HONORÉ Agence France-Presse
On les appelle « les soixante-quinze feuillets ». Ils sont la première ébauche connue du grand cycle romanesque de l’écrivain, À la recherche du temps perdu, dont la publication commence en 1913 et s’achève en 1927, cinq ans après sa mort.
Ce trésor longtemps méconnu est confié à Frédérique Pelletier, dans un atelier sous les toits de la BnF, dans le centre de Paris. « On va effectuer des restaurations minimalistes, pour bloquer les problématiques de déchirures et de lacunes », dit-elle, en collant des morceaux de papier japonais ultra-léger (2 g/m²).
Le but n’est pas de retrouver l’hypothétique état d’origine du manuscrit. Le pliage est conservé. Une restauration artisanale d’un feuillet déchiré, à une époque et par une main inconnues, est maintenue.
PHOTO STÉPHANE DE SAKUTIN, AGENCE FRANCE-PRESSE
« Le choix a été fait de ne pas gommer pour redonner une teinte uniforme. Après analyse, on a compris que certains feuillets étaient maculés de la poudre Legras avec laquelle Proust se faisait des fumigations. C’est intéressant à voir », ajoute la restauratrice.
Montagne de papiers
Il a fallu longtemps pour qu’émergent ces fameux « soixante-quinze feuillets » (en vérité, 76 pages).
Dans les années 1950, l’auteur de Du côté de chez Swann n’intéressait plus grand monde. Sa nièce Suzy Mante-Proust avait fait confiance à un jeune chercheur, Bernard de Fallois, pour mettre