Dictature du divertissement, déficit d’attention, agitation permanente, burn-out : l’époque et la saison vous font peut-être rêver de repos — qu’il soit nécessaire ou mérité.
On l’a peut-être oublié, mais pendant près de deux millénaires, c’est surtout le repos éternel qui a obsédé les esprits en Occident. Et qui a donné d’abord sens, rappelle l’historien Alain Corbin dans son Histoire du repos, à la notion même de repos. Car pour théologiens, prédicateurs, pasteurs et moines, la vie terrestre n’avait qu’un seul horizon : le salut éternel.
Alain Corbin, inventeur de l’histoire des sensibilités, qui a écrit sur le paysage sonore dans les campagnes françaises du XIXe siècle (Les cloches de la terre, 1994) et sur la création des vacances (L’avènement des loisirs, 1996), s’est aussi fait historien du silence, de l’ignorance ou des émotions.
On se rappellera cette phrase fameuse de Blaise Pascal (1623-1662) tirée de ses Pensées : « J’ai découvert que tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre. » Le repos, au sens où le conçoit le mathématicien et moraliste français, est nécessaire pour prendre pleinement conscience de notre finitude.
En ce sens, le repos pascalien relève de la « quiétude », une notion, rappelle l’historien, complètement détachée de l’idée de fatigue et qui a fait se disputer au XVIIe siècle nombre de théologiens, de prélats et de dévots.
Congé des hommes
On pourra ne pas être d’accord avec la conclusion de Pascal (« il faut chercher Dieu »), mais le repos, écrit
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