« Le monde présent tire à sa fin. Son métabolisme craquelle de partout. » En citant ces mots de Natasha Kanapé Fontaine, l’écrivain français Maurice Rebeix (né en 1954) voit en la poète innue du Québec la prophétesse d’un monde menacé par le réchauffement climatique. Il donne une valeur capitale à son message qui suit : « À chaque fois qu’une femme autochtone prend la parole, tout bouge autour de nous. Une tempête se déploie. »
Cette « prophétie intime » illumine L’esprit ensauvagé, livre de Rebeix, où le photographe et globe-trotteur se met « à l’écoute des peuples premiers, pour une autre façon d’être au monde ». L’ami et l’exégète des Sioux se réjouit que ceux-ci acclament Greta Thunberg, militante écologiste suédoise, et lui disent : « Notre société est basée sur la femme et son amour pour l’humanité. Seul quelqu’un qui possède ton pouvoir peut faire bouger le monde comme tu l’as fait… Nous t’aimons comme notre parenté. »
L’ouvrage colossal est préfacé par Raoni Metuktire, chef autochtone brésilien, figure de la lutte pour la sauvegarde de la forêt amazonienne. L’écrivain français Jacques-André Bertrand (1946-2022), fasciné par les Papous, signe l’avant-propos. Mais c’est surtout la réponse, en 1984, de l’ethnologue français Claude Lévi-Strauss (1908-2009) au journaliste Bernard Pivot, réponse que Rebeix met en relief, qui attire l’attention en révélant la profondeur du livre.
Pivot demande à Lévi-Strauss : « Est-ce que les ethnologues n’ont pas été, avant tout le monde, les premiers écologistes ? » Le spécialiste des Autochtones des Amériques répond : « Je pense que c’est vrai. Et c’est vrai parce qu’ils sont
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