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S’il fallait ne retenir qu’une seule œuvre de Françoise Sagan, ce serait sa première, le livre interdit, le scandale de l’année 1954 alors qu’elle n’avait pas encore 20 ans, l’étonnant Bonjour tristesse. Il y a de ces auteurs que l’on sait qu’on devra lire. Leurs romans traînent dans à peu près toutes les bibliothèques, s’entassent dans les librairies d’occasion. À force, on croit savoir de quoi il s’agit sans même les avoir lus. Mais on ne connaît pas Sagan tant qu’on n’a pas côtoyé ses personnages désenchantés, vécu quelques heures ou quelques jours au rythme de leurs émotions, ressenti sur sa peau la chaleur de la Côte d’Azur ; tant qu’on n’a pas plongé dans ses romans aigres-doux et si tendres à la fois. Sagan ou la littérature comme un incendie à éteindre.
On a tous une idée du personnage Sagan. La femme libre, désinvolte, imprudente, impudique, insouciante. On la disait légère, c’était pour se réconforter. On ne voulait voir que ce qui nous rassurait. La jeune écervelée au visage angélique ne pouvait pas être dangereuse. Au fond, c’est peut-être le vieux François Mauriac qui avait vu juste, dès la sortie du premier roman. Il avait parlé de Sagan comme d’un « charmant petit monstre », et cela lui est resté. « Les nobles attitudes me viennent toujours trop tard à l’esprit », écrit-elle dans Bonjour tristesse. On sait que les gens sages n’ont pas toujours raison.
C’est la littérature
Sagan, c’est l’été. Le soleil qui brûle la peau. Les petites voitures sport, décapotables de préférence.