Paru en premier sur (source): journal La Presse
C’est une histoire d’amour impossible. Toxique. Quoique consentante. Furieusement (désespérément ?) consentante. Avec Daddy Issues, Elizabeth Lemay signe un premier roman aussi provocant qu’exaspérant, à la plume étrangement envoûtante.
Publié à 11h00 ✓ Lien copié Silvia Galipeau La Presse
L’histoire a pourtant tout pour irriter. Racontée mille fois, trop de fois, et condamnée d’avance, par-dessus le marché. L’autrice, publiée ces jours-ci chez Boréal, l’écrit elle-même, et ce, dès les toutes premières pages de son roman (oui, un roman, et non une autofiction, faut-il préciser) : « une autre affaire d’adultère d’une banalité si lassante qu’elle surprend tellement elle est conforme à son cliché ».
En gros : une jeune femme tombe amoureuse d’un homme marié, plus âgé, vous l’aurez deviné. Leurs nuits sont torrides, mais le récit piétine, forcément. Tel est généralement le destin de ce genre de relations asymétriques. Sauf qu’ici, elle a ceci de particulier qu’elle est racontée par la principale intéressée. Au « je ». Et ce n’est pas innocent.
« Souvent, dans les romans, ce personnage existe, mais il est diabolisé », explique Elizabeth Lemay, diplômée de littérature, qui travaille aujourd’hui en relations publiques après un détour par la politique. En réaction à Michel Houellebecq ou Frédéric Beigbeder, par exemple, chez qui les maîtresses sont toujours secondaires, voire « déshumanisées », elle explique qu’elle a voulu ici et pour une bonne fois leur donner « la parole ».
Je pense que c’est intéressant d’humaniser cette relation. […] Parce que ça existe ! […] C’est intéressant de prendre un vieux cliché pour l’entendre : elle.
Elizabeth Lemay, autrice
Le cliché hétéronormatif est d’ailleurs grossi « volontairement ». Elizabeth Lemay se l’approprie, en quelque sorte, pour insuffler une « dose d’humanité » au