Olivier Barbarant offre dans Séculaires des formes fixes et rimées, vers libres courts ou longs, poèmes en prose, parfois même mis en paragraphes pleine page. Cela donne ce remarquable « Adorations » qui s’attarde au corps masculin : « Entre les sommets des épaules, l’abrupte vallée des vertèbres fait un effet de fleuve asséché. // les jambes […] L’on jurerait des mâts, faits seulement pour hisser la grand-voile des chemises. » Ou la grande suite « Complainte à la charnière des temps », série de 40 textes qui met en lumière un souvenir, un choc qui marque une année précise. Ainsi « 2007 » : « Les élèves tournent vers moi / De si vivants visages / Qu’on dirait presque des jardins / Quand mai y mêle eaux et lumières » ou « 2014 » : « Je ne parviens plus à suivre le décompte des carnages / Les rideaux fermés sur la tragédie / je fais un abri de beautés sauvages : / des corps dans la buée / mes fils endormis ». Recueil dont il faudrait rendre compte plus longuement tellement sa richesse s’impose.
Séculaires
★★★★
Olivier Barbarant, Gallimard, Paris, 2022, 136 pages
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