Source : Le Devoir
«Je les ai vues. / Elles, /leurs visages aux bleus camouflés. / Elles, / Je les ai vues / toutes / passer dans la rue / âmes aux pieds nus, / regardant derrière elles, / inquiètes d’être suivies / par les pieds de la tempête, / voleuses de lune / elles traversent, / déguisées en femmes normales. / Personne ne peut les reconnaître / sauf celles / qui leur ressemblent. »
C’est sur ces mots puissants de la poète syrienne Maram al-Masri (Les âmes aux pieds nus) que s’ouvre Fuir, le nouveau documentaire de Carole Laganière, qui offre une incursion privilégiée dans une maison d’hébergement pour femmes victimes de violence conjugale.
Comme la poète, la documentariste capte la tourmente, les regards inquiets, les esprits agités qui ne trouvent jamais le repos. Et parmi la violence, les injustices et les blessures, elle trouve aussi, dans l’amour, la solidarité et la sororité, la lumière qui persiste à faire son chemin dans les fissures du malheur.
À travers les témoignages de Maude, Sophie, Yzabel et plusieurs autres, Fuir est l’histoire du courage et de la résistance, de l’introspection et de la quête de soi de celles qui ont trouvé la force de partir, pour elles ou pour leurs enfants, de chercher ailleurs que dans le regard de l’autre l’estime qui leur a été dérobée, d’envisager un avenir — et un amour — différent et beau.
« Je porte ce sujet depuis aussi longtemps que je fais des films, raconte Carole Laganière, rencontrée chez elle, dans le quartier Rosemont à Montréal. Lorsque j’étais au cégep, une amie s’est retrouvée aux prises avec un mari violent. Elle avait 24 ans. Ça m’avait profondément troublée. C’était une
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