C’est un passe-temps comme un autre, qui permet de tuer les heures entre l’ascension de l’Aiguille du Midi et une escapade sur les hauts plateaux tibétains, au bord des routes, dans des trains, à bord de bateaux ou dans des cabanes au fond des forêts de Sibérie : esquisser de petits bonshommes pendus et des suicidés dans les marges de ses carnets. « Je n’aime pas la mort. Mais je sais ce que je lui dois, écrit Sylvain Tesson. La mort nous interdit de prendre la vie à la légère. » L’écrivain aventurier s’adonne à ce petit jeu depuis trente ans et a fini par élever cette manie au rang d’art. En témoignent les 250 griffonnages macabres, saturés d’humour sombre, qu’il a réunis dans Noir. Des croquis qui sont précédés de quelques textes dans lesquels l’auteur de La panthère des neiges nous expose sa conception de la mort — et par conséquent de la vie. « Je tiens le suicide pour un exercice de la volonté, le couronnement de la maîtrise de soi », écrit-il. La mort, du reste, il l’a connue de près et continue de la regarder en face. Mais autant en rire, nous dit-il, que de se laisser enterrer vivant.
Noir
★★★
Textes et dessins de Sylvain Tesson, Albin Michel, Paris, 2022, 320 pages
À voir en vidéo
[...] continuer la lecture sur Le Devoir.