Sous la lumière
« Des langues s’empilent / pierre et pierre / dans le maquis d’une phrase », murmure le texte. Ne retiens pas le feu, de Jacques Audet, s’attache à la clarté pour surveiller « le soleil [qui] gît au sol comme une tête ». Les regards sont posés dans des « corbeilles bondées de prunelles / chairs sobres fruits terribles ». Lumineux ! Ne serait-ce pas le mot exact pour rendre compte de ce livre pertinent ? « La lumière frileuse / est serrée au cou » du poète comme au nôtre, tant le désir de vivre tremble. Poète, « quelques consonnes dansent toujours / à l’orée de ta bouche / lestes comme ta joie » ! Il faut survivre malgré les lunes obscures et les tragédies tranquilles des jours oppressants. La recherche d’un équilibre précaire tient à la volonté de regarder en face les heurts et malheurs vers l’ultime destination dessinée par ces « cordages de syllabes / par lesquels monter ou descendre / atteindre les eaux dansantes de la mort ».
Ne retiens pas le feu
★★★1/2
Jacques Audet, Le Noroît, Montréal, 2022, 88 pages
Météo média
La métaphore filée du bulletin météorologique, dans la perspective d’un écosystème déréglé, n’a de cesse d’appesantir Climax, recueil au demeurant fascinant par sa forme et sa volubile générosité. Dans la partie supérieure de la page, les poèmes sont en vers libres, dans la partie du bas, une prose continue se poursuit tout au long des sections. Cependant, ostinato, cette oeuvre n’exclut pas des clichés, comme ces « portes de l’hiver », ou des assertions douteuses du genre « Puisqu’il y a longtemps que je t’aime / il y a longtemps que tu m’aimes. » Les
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