
Tout lire sur: L'actualité culture
Source du texte: Lecture
Un extrait de Les bulles
C’était un samedi soir tard et Justine, ma gardienne, n’avait pas encore réussi à me coucher. Je résistais même si, en vrai, j’avais les yeux qui piquaient et la tête lourde. Vois-tu, je trouvais que j’avais passé l’âge d’être gardée. Je commençais à en avoir assez d’être traitée comme une enfant. Alors, pour protester, je restais éveillée.
— J’suis pas fatiguée !
— Sophie ! Il est plus de minuit, là !
Et ainsi de suite. Tu vois le genre.
De toutes mes forces, je résistais comme ça à Justine quand papa a poussé la porte d’entrée. Maman, je ne l’ai pas vue tout de suite, mais je l’ai entendue. Elle riait. Elle riait tellement fort que j’ai arrêté de me chicaner avec la gardienne.
Papa avait dû lui faire une grosse blague.
Mon père, vois-tu, c’est un comique. Des fois, maman dit que les grosses blagues de papa vont trop loin. Moi, petite, je ne comprenais pas comment une blague pouvait aller loin. Ou être grosse.
Aujourd’hui, je comprends.
Il faut savoir que dans ce temps-là je ne faisais jamais de blagues. Même pas des petites. Je ne savais pas comment. Je prenais tout au sérieux. Même les farces de papa. C’est pour ça que, quand maman est rentrée en riant si fort, je ne trouvais pas ça drôle du tout.
Même que ça m’inquiétait de la voir dans cet état.
Pourtant, elle était super belle, maman. Elle portait une jolie robe verte, luisante, avec des talons