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«Iochka»: la vallée des avalés

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Tout au fond d’une vallée des Carpates, en , loin du , hors du temps, le vieux Iochka vit en ramassant les branches laissées dans la forêt par les travailleurs forestiers. Il en fait du charbon bois — le meilleur — qu’il revend à la ronde.

Installé sur le banc devant sa petite maison, cet homme presque centenaire est de plus en plus seul, de plus en plus silencieux. Les jours semblent être les mêmes, allongés et allégés par les effets de la palincă, eau-de-vie locale. « Il buvait d’une façon paisible, tranquille, sans y accorder d’importance et sans but. »

Molnar Jozsef, dit Iochka, fait partie intégrante de cette vallée qu’il sillonne au volant de sa vieille Trabant ou de l’infatigable tracteur qu’il a lui-même fabriqué, « au même titre que les arbres, que la rivière et le chemin sur lequel il avait vieilli ».

Assis, regardant au-delà de la montagne, il voit les années qui défilent, circulaires, comme les anneaux de croissance d’un arbre où peuvent se lire périodes de sécheresse, pluies abondantes, épidémies d’insectes, feux, maladies ou blessures. Et le vieux se souvient. Il se souvient et il sourit puisque « les temps heureux d’autrefois le maintenaient en vie ».

Il se souvient aussi que tout n’était pas et qu’en 1942, on était venu le chercher chez lui pour l’envoyer comme enfant de troupe dans la Quatrième Armée roumaine sur le Don — l’un des principaux fleuves de . Là, on l’avait fait malgré lui maréchal-ferrant dans un gros village de

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