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«Tout, au monde, existe pour aboutir à un livre », disait Mallarmé. C’est une douce conception de la littérature que de voir en elle ce sas par lequel tout l’amour du monde — mais également tous les combats, les pertes et les défaites, les désillusions, les désirs, les crimes, les luttes et tous les espoirs aussi — passerait pour faire de toutes les histoires des œuvres d’art. Ce pari de tout véritable écrivain, celui de changer le monde en écrivant, c’était aussi celui de Doris Lessing. C’est par cette porte, la grande porte, peut-être la seule porte possible, qu’elle a trouvé sa place dans le monde littéraire.
Née dans l’ancienne colonie britannique de Perse, l’Iran actuel, Doris Lessing a passé sa jeunesse en Rhodésie du Sud (aujourd’hui appelée le Zimbabwe) avant de s’installer à Londres après la Deuxième Guerre mondiale. Tout au long de sa vie, elle est retournée régulièrement en Afrique, où elle a dénoncé le racisme des uns tout autant que le misérabilisme des autres. Elle a été de toutes les luttes anticoloniales et a milité activement contre l’apartheid. Elle a écrit de nombreux livres autour de ce qu’elle a vécu, vu et entendu dans sa jeunesse africaine ainsi que lors des multiples séjours qu’elle a faits là-bas par la suite. De ces tranches de vie, elle a fait tout autre chose, c’est-à-dire qu’elle a construit une œuvre qui transcende l’expérience individuelle. Militante bien en vue, elle a même été déclarée persona non grata dans certains pays par des