Paru en premier sur (source): journal La Presse
Je me souviens avoir dit à un ami, il n’y a pas si longtemps, « on n’a pas assez écouté de Bob Dylan dans nos vies ». Et je garde cette impression que pour Dylan, c’est comme pour un grand penseur : on pourrait l’écouter toute une vie sans jamais complètement le saisir.
Publié à 9h00 ✓ Lien copié Jérémie Mcewen Collaboration spéciale
On n’a jamais fini de faire nos devoirs à son égard. Je me rappelle qu’on me disait à une certaine époque que la plus grande erreur pour un philosophe était de ne pas lire suffisamment Heidegger, et que c’était la tâche de toute une existence. Eh bien ! je dirais volontiers la même chose de Dylan, du point de vue de la musique, mais aussi de la philosophie. Le pari de son récent livre, qui vient tout juste de paraître, est de nous dire que c’est un peu la même chose.
Il faut lire cet essai lentement, avec un téléphone ouvert pas loin pour écouter chacune des chansons abordées.
Par son titre et sa structure, Philosophie de la chanson moderne fait écho à une impression, devenue avec le temps une de mes convictions intimes : ce que nous écoutons en boucle, ce que nous écoutons depuis toujours, ce qui marque notre esprit comme expérience musicale intime, forge notre vision du monde au même titre que ce que nous nommons communément « philosophie ». Je prends ce terme ici dans son acception la plus populaire, comme lorsqu’il est utilisé dans la bouche d’un coach du Canadien de Montréal pour résumer la vision commune des choses au sein de l’organisation. Un