Photographe de presse connu et reconnu — Libération, Les Inrockuptibles—, Franck Courtès a pendant longtemps très bien gagné sa vie. Jusqu’à ce qu’un jour, pris de nausée, incapable de pratiquer ce qui avait été sa « raison d’être » pendant 26 ans, il choisisse de déposer son appareil photo.
Un « sabordage » qu’il a raconté dans La dernière photo (JC Lattès, 2018).
Après un premier livre qui lui a pourtant valu un « petit succès » (Autorisation de pratiquer la course à pied, JC Lattès, 2013), dont un passage à La grande librairie, Franck Courtès est vite dépourvu d’illusions : la littérature ne fait pas vivre son homme. « Le métier d’écrivain consiste à entretenir un feu qui ne demande qu’à s’éteindre. »
Plus encore : « Achever un texte ne veut pas dire être publié, être publié ne veut pas dire être lu, être lu ne veut pas dire être aimé, être aimé ne veut pas dire avoir du succès, avoir du succès n’augure aucune fortune. »
Après avoir épuisé ses économies, peu à peu vendu tout ce qu’il pouvait vendre, déménagé dans un studio appartenant à sa mère, l’homme de 55 ans a poursuivi sa longue glissade vers la pauvreté. Tout en essayant de masquer sa condition nouvelle sous les habits de marque de son ancienne vie.
« Je donnerais cher pour ne pas être artiste », écrit Franck Courtès, tirant le diable par la queue, voyant sa vie sociale s’atrophier et maudissant la « bravoure d’imbécile » qui lui a fait larguer les amarres — et que d’autres prennent pour du courage.
Sans
[...] continuer la lecture sur Le Devoir.