
Déjà 25 ans depuis l’an 2000. Le Devoir replonge en décembre dans un quart de siècle jalonné par des événements marquants et de nouvelles tendances qui façonnent encore notre société. Dans cet article : la place de la littérature autochtone au Québec.
Il y a un peu plus de vingt-cinq ans, l’Italien Maurizio Gatti, étudiant en langue et en littérature étrangère, s’est pointé au centre de documentation de la Délégation générale du Québec à Paris et a expliqué qu’il s’intéressait à la littérature autochtone. L’employée de service l’a rabroué.
« Elle m’avait répondu très sèchement, en m’indiquant qu’il n’existait pas de recueils du genre, seulement des textes ethnologiques, a ensuite expliqué M. Gatti en entrevue. Ça a été pour moi une sorte de déclic. Je ne comprenais pas ce refus de reconnaître l’existence d’une littérature amérindienne francophone. »
Lui-même s’est ensuite attelé à la démonstration de l’existence et de la pertinence de ce corpus. Après des maîtrises en français et en culture et langues tibétaines, il a défendu son doctorat à l’Université Laval en 2004 et a fait un postdoctorat à l’UQAM sur le champ d’études alors pratiquement inexploré. Il a fini par publier Littérature amérindienne du Québec, devenu ouvrage de référence. Le premier tirage de 2004 s’est épuisé très rapidement.
« On a répondu à Maurizio que la littérature autochtone n’existait pas et qu’il devrait plutôt lire Michel Tremblay : ça donne une bonne idée d’où on vient », reprend en entrevue au Devoir Louis-Karl Picard-Sioui, en ramenant lui-même l’anecdote italo-parisiano-québécoise. Membre du clan du Loup du peuple wendat, écrivain, poète, performeur, historien et anthropologue, il a rencontré M. Gatti en 1999 au moment où le Romain polyglotte commençait ses recherches savantes au Québec.
15 ans de retard
« L’infrastructure québécoise de la culture ne nous appuyait pas à l’époque, dit encore M. Picard-Sioui, qui vient à son tour de s’engager dans des études doctorales en lettres. La littérature autochtone anglophone, elle, était très bien établie, et en fait, le Canada anglais avait déjà une bonne quinzaine d’années d’avance de ce point de vue sur le Québec francophone. Mais il n’y avait aucun intérêt de sa part non plus pour nous faire une
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