Paru en premier sur (source): journal La Presse
Publié à 3h24
Mis à jour à 11h00
Maélia aimait Olivier à la folie. Un premier amour intense. Or, après des mois à nager dans le bonheur, l’élève de cinquième secondaire a découvert chez son amoureux un côté narcissique et manipulateur.
Dans Jusqu’à ce que ça fasse bang, finaliste pour le Prix du livre jeunesse des Bibliothèques de Montréal en 2023, on était témoin de l’effritement du couple de Maélia et Olivier. Sa suite, L’univers ne peut naître qu’une seule fois, montre les blessures que peut laisser une relation malsaine même une fois terminée.
« Ce que vit Maélia, ça s’appelle du gaslighting [détournement cognitif], explique Alexandra Larochelle. Avec Olivier, chaque fois qu’elle soulève quelque chose qui ne fonctionne pas, ça se retourne contre elle. Il lui dit : “Tu me fais de la peine de m’accuser de telle ou telle chose.” »
Dans sa relation, l’héroïne a souvent l’impression d’être « conne » et « inadéquate ». « Marcher sur des œufs. Ne pas empirer les choses. Ne rien dire de stupide », devient son mantra, jusqu’à ce qu’elle décide de mettre un terme à cette relation destructrice.
PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE
Alexandra Larochelle
C’est malheureusement extrêmement commun, le gaslighting, pas seulement en amour. Tristement, beaucoup de gens sur les réseaux sociaux et dans les salons du livre m’ont dit qu’ils se sont reconnus dans le personnage de Maélia.
Alexandra Larochelle
Si elle a eu envie de mettre en lumière ce type de relation toxique dans un roman pour adolescents, c’est que tout le monde peut y faire face un jour ou l’autre. « Plus tu es exposé jeune à ce genre de dynamique, qui est très insidieuse, plus tu as de chances de la déceler en vieillissant », croit-elle.
Dans les deux tomes, on trouve également le personnage de Martin, qui se fait battre par son amoureux. « J’aimais l’idée du parallèle entre la violence qui est très évidente et la violence qui est plus sournoise », confie Alexandra Larochelle.
Bien que l’histoire de Maélia ne soit pas inspirée de son vécu, l’autrice confie avoir déjà « été dans une dynamique qui était toxique psychologiquement ». À l’époque, lorsqu’elle entendait dans les médias des histoires horribles de femmes battues, elle en venait à minimiser les conséquences de sa propre relation, comme le fait son héroïne. « Quand on se compare, on se console, dit l’expression. Ça n’a aucun sens de penser ça. Ce n’est pas parce que ce n’est pas physique que ce n’est pas dévastateur », s’indigne-t-elle.
« La violence amoureuse n’a pas de sexe et n’a pas d’âge », souhaite rappeler l’autrice, en soulignant que même si elle est fière de tous ses projets, l’histoire de Maélia occupe une place bien spéciale dans son cœur.
Retour en 2004
Et ce n’est pas peu dire, puisque l’écrivaine de 31 ans a signé plus d’une trentaine de livres jusqu’à maintenant. Des titres destinés aux enfants du primaire, aux adolescents ou aux jeunes adultes.
Alexandra Larochelle a publié son premier livre, le tome 1 de la série Au-delà de l’univers, en 2004, alors qu’elle n’avait que 10 ans.
Ça a été un beau concours de circonstances. J’ai écrit un roman à l’école. Mon directeur avait un ami qui travaillait pour Le Soleil, à Québec. Il l’a appelé.
Alexandra Larochelle, au sujet de la publication de son premier livre, alors qu’elle n’avait que 10 ans
L’histoire a interpellé d’autres médias… et des maisons d’édition. « J’ai reçu plein d’offres. […] Ça a vraiment décollé. Ça a été assez fou, cette période-là de ma vie. Ça a duré cinq ans. J’ai publié six romans, vendus à 130 000 exemplaires », s’étonne-t-elle encore.
PHOTO ANDRÉ TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE
Alexandra Larochelle au Salon du livre de Montréal en 2005
Dans les archives photo de La Presse, on a retrouvé un cliché de la jeune autrice au Salon du livre de Montréal en 2005. De quoi se souvient-elle de cette journée ? « Je me rappelle les cordons de foule. Il y avait tellement de monde. C’était dément ! […] Il y avait deux ou trois heures de file devant moi. »
Cette année, en séances de dédicace dans les salons du livre, elle était occupée, mais jamais autant, dit-elle en rigolant.
Au cours des prochains mois, elle commencera deux nouvelles séries : l’une qui explorera les relations amoureuses dans la lignée de Premier rendez-vous et une autre qui plongera les jeunes lecteurs dans l’univers des jeux vidéo.
Elle publiera également un album jeunesse inspiré de la toute première histoire qu’elle a écrite… à l’âge de 5 ans. « J’ai extrêmement hâte », lance-t-elle.

L’univers ne peut naître qu’une seule fois
Éditions de la Bagnole
Dès 14 ans