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(Paris) Paul Pavlowitch, auquel l’écrivain Romain Gary avait demandé d’incarner l’auteur de ses romans signés Émile Ajar, garde de l’amertume des suites de cette mystification, près d’un demi-siècle après cette affaire rocambolesque.
Publié à 8h33 ✓ Lien copié Hugues HONORÉ Agence France-Presse
Cet épisode qui marqua l’histoire du prix Goncourt est le sujet de la fin d’un livre de souvenirs que M. Pavlowitch fait paraître à 80 ans. Tous immortels (éditions Buchet-Chastel) est essentiellement consacré à Gary et son épouse, l’actrice Jean Seberg.
Gary, né Roman Kacew à Vilnius en 1914, prix Goncourt 1956 pour Les Racines du ciel, avait perdu de sa superbe auprès de la critique littéraire dans les années 1970. Lus à la va-vite, ses livres étaient mal accueillis.
« Lui qui avait quitté le service diplomatique, qu’on avait prié de prendre sa retraite, il n’avait plus cette carte de visite de consul. Il s’habillait comme il voulait, il devenait de plus en plus folklorique, le cigare au bec. Les gens ne comprenaient pas », raconte Paul Pavlowitch à l’AFP.
Il recommence à zéro sous un hétéronyme : Hamil Raja, alias Émile Ajar, un Nord-Africain ayant des démêlés judiciaires pour une sombre histoire d’avortements. Personne ne doit savoir, pas même son éditeur, Gallimard.
Paul Pavlowitch se confectionne un faux permis de conduire au nom de Raja.
« C’était assez drôle »
Gary réussit plusieurs coups de génie.
Avec le deuxième roman d’Ajar, La Vie devant soi, il décroche une deuxième fois le Goncourt, en 1975, ce qui est normalement interdit.
Avec le troisième, Pseudo, il convainc ceux qui avaient découvert