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Dans les années 1950, la bande dessinée de superhéros était au banc des accusés, responsable, selon certains psychiatres, du naufrage moral de la jeunesse américaine. La croisade contre les Batman, Superman et Wonder Woman a porté ses fruits et a abouti à une longue censure, sans jamais nuire à la popularité des superhéros. L’historien Alexandre Dumas nous parle de l’inquiétude que ces derniers ont suscitée à l’époque.
Superman est le premier superhéros à apparaître, en 1938. À cette époque, le lectorat américain se désintéresse des exploits des cowboys et se passionne plutôt pour les « héros urbains qui se battent contre la criminalité et contre les dangers de la ville ».
Une décennie plus tard, ces bandes dessinées deviennent suspectes : « À leur origine, les héros sont vraiment très immoraux, parce qu’ils ne s’adressent pas encore à un public précisément enfant, explique Alexandre Dumas. Dès le départ, les héros sont vus comme de très mauvais modèles. Ce sont des personnages qui règlent leurs problèmes avec des coups de poing, toujours avec la violence. »
Le psychiatre américain Fredric Wertham mène la charge contre ces superhéros. Né en Allemagne, il a connu le nazisme. Dans les années 1940 et 1950, il se consacre au diagnostic et au traitement des troubles de comportement chez les délinquants juvéniles. Les jeunes qu’il traite lisent tous des bandes dessinées de superhéros. Fredric Wertham fait le lien et publie un livre en 1954 qui accuse l’industrie de la BD de tous les maux. Selon lui, Batman et Robin incarnent « un rêve homosexuel », et Wonder Woman est « un antimodèle pour les jeunes filles ».
La communauté médicale rejette les thèses du Dr Wertham, mais le milieu conservateur le reconnaît comme un « éminent psychiatre ». « On va acheter des bandes dessinées de superhéros simplement pour les brûler. »
En 1954, une commission du Sénat américain s’intéresse à la délinquance juvénile. En réaction, les éditeurs et les imprimeurs de bandes dessinées s’allient pour limiter leur BD, afin de dissuader le gouvernement de censurer ou d’interdire les BD. « On dit en gros que les superhéros doivent présenter une vision morale de la société », soutient notre invité.
Enfin, Alexandre Dumas dévoile quelle bande dessinée affaiblit le code dans les années 1970 et dresse un portrait de l’homosexualité dans ces œuvres aujourd’hui.