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De la fondation de Port-Royal en 1605 à l’épanouissement actuel de la culture acadienne au Nouveau-Brunswick, en Nouvelle-Écosse et bien au-delà, le parcours des Acadiens en est un de résilience et de fierté. Trop souvent limité à la Déportation et à l’exil, ce pan de l’histoire canadienne revêt pourtant une dimension plus importante. André-Carl Vachon, historien, auteur et conférencier spécialisé dans l’histoire acadienne, souligne l’importance de cette mémoire, non seulement pour enrichir la compréhension de notre récit collectif, mais aussi pour saisir pleinement l’évolution de notre territoire partagé.
Qu’est-ce qui vous a porté vers des études sur l’histoire des Acadiens ? En quoi cette histoire éclaire-t-elle, et continue-t-elle d’éclairer, notre mémoire collective et notre compréhension de l’histoire commune ?
Par curiosité personnelle, car mes grands-parents maternels sont d’origine acadienne. La tradition orale familiale et le peu d’informations véhiculées à l’école m’ont poussé à vouloir en savoir davantage. Pour comprendre qui nous sommes, il faut savoir d’où l’on vient. Pour tenter d’éviter la répétition des événements négatifs, il est important de comprendre ce qu’ont vécu nos ancêtres. Les Acadiens ont vécu la Déportation. Certains ont fui en se réfugiant au Canada (le territoire québécois). Aujourd’hui, nous accueillons des réfugiés fuyant, par exemple, un pays en guerre. La compréhension de notre histoire peut ainsi nous aider à mieux les accueillir.
Existe-t-il un écart significatif entre l’histoire enseignée à l’école et celle que l’on découvre par le biais de recherches dans les archives ? Si tel est le cas, quel aspect essentiel vous semble être omis de l’enseignement scolaire de l’histoire ?
Absolument ! Au Québec, si tout le programme d’histoire est enseigné concernant les Acadiens, les élèves du secondaire apprennent que l’Acadie a été fondée en 1604 (avant Québec en 1608), qu’elle a été perdue avec le traité d’Utrecht en 1713, puis que les Acadiens ont été déportés en 1755 et que certains se sont réfugiés au Québec. Malheureusement, toute cette information n’est pas dans tout le matériel didactique disponible. Certains ne mentionnent même pas que l’Acadie a été fondée. Plusieurs escamotent la question des 3 312 réfugiés et immigrants acadiens arrivés sur le territoire québécois entre 1755 et 1775. Pourtant, ces derniers représentent 19,5 % de la population de l’époque. De plus, les études récentes en génétiques démontrent que 78,5 % des Québécois d’origine canadienne-française ont au moins un ancêtre acadien.
À la lumière de ces informations, il m’apparaît primordial de parler des communautés francophones hors Québec. Combien d’Acadiens m’ont dit que certains touristes québécois étaient surpris de constater qu’il y avait encore des francophones au Nouveau-Brunswick. Pourtant, les Acadiens constituent un tiers de la population de cette province. Certaines personnes pensent qu’il n’y avait plus d’Acadiens sur le territoire après la Déportation. Pourtant, les prisonniers, ceux qui vivaient cachés en forêt et certains déportés ont choisi de s’y établir à nouveau et ont développé les communautés acadiennes d’aujourd’hui.
Les ouvrages que vous proposez s’adressent à un large public, des plus jeunes avec Raconte-moi la déportation des Acadiens (Petit Homme) aux plus âgés avec, entre autres, La colonisation de l’Acadie, 1632-1654 (La Grande Marée). Aborde-t-on l’histoire de la même manière, quel que soit l’âge du lecteur ?
Pour ce qui est des enfants, la réponse est non. Le niveau de langage et la quantité d’informations doivent être adaptés pour eux. Pour les adultes, tout est relatif. Certains recherchent une vue d’ensemble. Donc, l’information n’y sera pas très spécifique, mais plutôt globale. À l’inverse, d’autres cherchent le moindre détail, veulent en savoir le plus possible et analyseront chaque source proposée en bas de page.