Source : Le Devoir
Entre 1573 et 1617, au cours du procès des sorcières de Wurtzbourg, dans le sud de l’Allemagne, 900 personnes ont été condamnées au bûcher. Dans ce puissant roman évoquant la fureur meurtrière de l’époque et les conséquences désastreuses de la foi aveugle des hommes d’Église et de leurs ouailles, Eduardo Sangarcía met en scène une jeune femme, Anna Thalberg, dont le seul crime est d’être rousse et d’attiser, malgré elle, le désir des hommes du village, où elle vit modestement depuis peu avec son mari, Klaus. « Je ne connaissais pas le mal avant que mon examinateur ne croise mon chemin », dira-t-elle sous la torture. Avec une syntaxe rappelant celle de Saramago, des dialogues disposés de manière à illustrer la confrontation entre Anna et l’immonde Vogel, l’auteur mexicain nous aspire dans un vortex d’hypocrisie, de cruauté et d’horreur. Sombre et violente chronique d’une mort annoncée, il n’en demeure pas moins qu’Anna Thalberg nous réserve une finale où la logique et la lucidité triomphent de façon terrible.
Anna Thalberg
★★★★
Eduardo Sangarcía, traduit de l’espagnol par Marianne Million, La Peuplade, Montréal, 2023, 170 pages
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